Le président du Tahoeraa Huiraatira, Gaston Flosse a répondu le vendredi 23 mars 2007 au soir à l’invitation de la fédération spécifique des socioprofessionnels du mouvement, présidée par Teva Rohfritsch.
Près de quatre cent personnes étaient réunies au restaurant Vaima.
Un diner-débat, en plein cœur des questions d’actualités politiques a été l’occasion pour les cadres du Tahoeraa Huiraatira de commenter le collectif budgétaire présenté à l’Assemblée de Polynésie française.
Lire l'intégralité de l'allocution prononcée par le président sénateur Gaston Flosse.
Merci de votre accueil, merci de votre présence ce soir, merci de votre fidélité au Tahoeraa Huiraatira. Je remercie et félicite plus particulièrement votre Président, Teva Rohfritsch, qui, malgré les responsabilités importantes qu'il assume au sein du gouvernement, a su continuer, avec l'aide de son bureau, à vous rassembler et à vous mobiliser.
Je vous demande d'applaudir avec moi Teva et tous les membres du bureau de la fédération des Socio-Professionnels du Tahoeraa Huiraatira.
Lors de notre dernière rencontre, en novembre 2006, nous faisions le constat des échecs du Taui et des risques que le gouvernement Temaru-Drollet faisait courir à notre pays. Nous exprimions l'espoir de renverser le gouvernement indépendantiste avant la fin de l'année 2006. Ce n'était pas une utopie.
Nous avons atteint notre objectif le 13 décembre et nous avons porté un élu du Tahoeraa Huiraatira à la présidence de la Polynésie française le 26 décembre. Je sais que vous étiez entièrement mobilisés à nos côtés pour atteindre cet objectif et je vous en remercie.
C'est une grande victoire dont nous devons nous réjouir sans réserve. Quelles que soient les difficultés qui nous attendent, la situation de la Polynésie française sera bien meilleure que si nous avions laissé le Tavini continuer à ruiner notre pays pour favoriser son accès à l'indépendance.
La victoire des autonomistes a permis d'écarter le danger le plus grave et le plus immédiat. Mais elle ne résout pas tous les problèmes du présent et de l'avenir. Le maintien de la Polynésie au sein de la République française et le rétablissement d'un partenariat confiant avec l'Etat sont des conditions nécessaires à la sécurité et au développement de notre pays. Mais ce ne sont pas des conditions suffisantes. Nous ne pouvons pas tout attendre de la solidarité nationale.
Il nous appartient de conduire une politique active, cohérente, ambitieuse et courageuse pour assainir nos finances, relancer notre économie, créer des emplois, construire des logements, réduire le coût de la vie et renforcer la solidarité sociale.
La priorité absolue est évidemment la relance de l'économie car il est impossible de maintenir durablement à un haut niveau la santé, l'éducation et la solidarité si notre économie ne crée pas suffisamment de richesses pour les financer.
La redistribution des richesses, qui est l'éternelle obsession de la gauche en France et du Tavini en Polynésie, n'aboutit qu'à la pauvreté généralisée si on ne se donne pas d'abord les moyens de créer les richesses qu'on promet de partager.
Le développement de l'économie a été notre constante priorité de 1991 à 2004. Notre succès dans ce domaine nous a permis de construire, avant même la métropole, le système de solidarité le plus complet et le plus généreux de la République.
Nous avons aidé les moins favorisés, sans dépouiller les plus entreprenants du fruit de leurs efforts, parce que nous avons suscité une croissance économique permanente qui a créé chaque année un surplus de richesses à répartir.
Il faut aujourd'hui retrouver le chemin de la croissance économique. Y sommes-nous prêts ? Les conditions sont-elles réunies ? Je n'en suis pas totalement convaincu.
La volonté du Président Tong Sang n'est pas en cause. Il partage entièrement nos valeurs et nos objectifs.
Il peut également s'appuyer sur les six ministres Tahoeraa qui travaillent avec compétence et rigueur au service du pays. Votre Président, Teva Rohfritsch, est d'ailleurs l'un des plus brillants et des plus efficaces d'entre eux. Mais il y a huit autres Ministres, titulaires de portefeuilles importants, qui n'ont pas exactement les mêmes priorités. Pardonnez moi… j'étais entrain d'utiliser la langue de bois.
Appelons les choses par leur nom : il y a des Ministres, qu'on appelle " les îliens ", dont la priorité est d'obtenir le maximum d'avantages personnels et d'assurer leur propre avenir politique en achetant leurs électeurs avec l'argent des contribuables.
Ces îliens ont permis à Oscar Temaru de se maintenir au pouvoir pendant 8 mois alors qu'il aurait dû perdre la majorité en avril 2006, lorsque le Aia Api a quitté l'UPLD. Ils ont été malheureusement indispensables pour renverser le gouvernement indépendantiste en décembre.
Mais, aujourd'hui, il faut regarder la réalité en face, ils sont un boulet pour le gouvernement de Gaston Tong Sang. Ils exercent un chantage permanent pour accaparer le maximum de ressources. Ils empêchent ainsi le gouvernement de Gaston Tong Sang de consacrer toute son énergie et de mobiliser les moyens nécessaires pour relancer l'économie et prendre les mesures sociales les plus urgentes.
La population a massivement approuvé le renversement d'Oscar Temaru et l'élection de Gaston Tong Sang.
Elle accorde encore aujourd'hui son soutien au gouvernement et à la majorité autonomiste. Mais elle attend évidemment des actes concrets pour améliorer la situation. La satisfaction d'avoir écarté le danger indépendantiste ne lui suffira pas éternellement. Les sondages montrent qu'une large majorité des Polynésiens considère que la situation reste instable et que des élections anticipées sont nécessaires. L'ambiance n'est donc pas très favorable à l'action politique énergique et ambitieuse qui serait nécessaire.
Que doit faire le Tahoeraa Huiraatira dans de telles circonstances ?
Je crois que nous devons rester fermement fidèles aux valeurs de notre Mouvement. Nous ne devons pas accepter de chantage ou de compromission pour conserver quelques portefeuilles ministériels. Nous sommes de très loin le groupe le plus nombreux de la majorité autonomiste. Nous représentons plus d'électeurs que n'importe quel parti, y compris l'UPLD.
Les îliens avaient été élus sur des listes Tahoeraa et depuis qu'ils nous ont trahis ils ne représentent plus qu'eux-mêmes.
Vous savez que nous avons pris hier des positions très fermes à l'Assemblée pour que notre amendement soit adopté. Nous exprimerons tout aussi clairement notre attente du remplacement de Louis Frébault par un Ministre Tahoeraa si la déchéance de son frère Jean-Alain est confirmée par le Conseil d'Etat dans quelques jours.
Nous serons encore plus déterminés pour demander le soutien de toute la majorité autonomiste le 12 avril, pour élire à la Présidence de l'Assemblée le candidat présenté par le Tahoeraa. Je suis convaincu que la population attend de nous un comportement clair et courageux. Les Polynésiens ne supportent plus la corruption et le chantage des îliens. Ils veulent que Gaston Tong Sang gouverne dans l'intérêt à long terme du pays, comme l'a toujours fait le Tahoeraa.
Notre devoir est de peser de tout notre poids pour que le gouvernement agisse conformément à nos valeurs. Nous ferons notre devoir.
Les turbulences de la vie politique locale ne doivent pas nous faire oublier que l'avenir de la Polynésie dépend aussi de l'avenir de notre nation. Les élections présidentielles et législatives sont très importantes pour nous.
Comme vous le savez, le Tahoeraa Huiraatira fait partie de l'UMP et il fait campagne pour notre candidat, Nicolas Sarkozy. C'est le seul qui assumera l'héritage de Jacques Chirac, le seul qui nous garantira la pérennité des engagements de la France, le seul qui respectera notre autonomie sans nous pousser vers l'indépendance. La victoire de Ségolène Royal serait une sévère défaite pour tous les autonomistes. Ne vous laissez pas tromper par les démentis du parti socialiste.
Oscar Temaru a toujours refusé de soutenir un candidat aux élections présidentielles car il considère la France comme un pays étranger. S'il accepte aujourd'hui de mener une campagne active en faveur de Ségolène Royal c'est bien parce qu'elle s'est formellement engagée à signer les accords de Tahiti Nui préparés par le Tavini pour amorcer le processus d'accession de la Polynésie à l'indépendance. Une victoire de François Bayrou serait peut-être moins dangereuse mais elle serait tout de même un grave handicap pour notre développement. Il remettrait systématiquement en cause tout l'héritage de Jacques Chirac, y compris les 18 milliards de la DGDE. François Bayrou veut nous aligner complètement sur la métropole. Il veut supprimer tous nos avantages, tels que l'indexation des fonctionnaires, et nous contraindre à établir l'impôt sur le revenu. Il n'a jamais rien compris à l'Outre-mer et il s'imagine que nous ne pouvons nous développer qu'en renonçant à toutes nos spécificités et en reniant notre identité.
Lorsque le Président de la République sera élu, la campagne ne sera pas terminée. Pour agir, Nicolas Sarkozy, car je suis convaincu de sa victoire, aura besoin d'une majorité pour gouverner. La Polynésie française doit lui apporter deux députés UMP, comme nous l'avons fait en 2002 pour Jacques Chirac.
Je sais que vous êtes conscients des enjeux des élections nationales et que vous allez tous voter au mieux des intérêts de la France et de la Polynésie, c'est-à-dire pour Nicolas Sarkozy à la présidentielle et pour les candidats présentés par le Tahoeraa Huiraatira aux législatives.
Mais j'attends beaucoup plus de vous. Vous êtes membres d'une fédération du Tahoeraa Huiraatira. Vous êtes, comme nous tous, des militants. Nous avons besoin de vous, non seulement pour apporter vos propres voix, mais aussi pour faire campagne et convaincre vos amis, vos collègues et vos voisins de voter pour les candidats que nous soutenons.
Je sais que nous pouvons compter sur vous et je vous en remercie. J'aimerais vous promettre qu'après ces deux campagnes vous pourrez souffler un peu. Malheureusement je n'en suis pas certain. Personne ne peut aujourd'hui écarter l'hypothèse d'une dissolution de l'Assemblée réclamée par le Tavini, le Fetia Api, Oe to e Nunaa et souhaitée par une forte majorité de la population. Le Tahoeraa Huiraatira n'a pas, à ce jour, demandé des élections anticipées. Mais nous devons être prêts à nous mobiliser très rapidement si la situation l'exige. Et, si c'est le cas, j'aurai plus que jamais besoin de votre soutien. Je vous en remercie par avance
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