Le Grand conseil approuve la sortie de la majorité et les discussions avec le Tavini
Le Grand Conseil, assemblée permanente du Tahoeraa Huiraatira s'est réuni ce mercredi soir à la mairie de Pirae. Les quelque 375 délégués du mouvement ont approuvé à une forte majorité la décision du Bureau exécutif de demander aux représentants à l'Assemblée de la Polynésie française de prendre ses distances avec la majorité réunie autour du président Gaston Tong Sang. Ils ont également approuvé la démarche des dirigeants du Tahoeraa Huiraatira d'ouvrir des discussions avec le Tavini Huiraatira dans le but d'obtenir une pause des combats idéologiques pour se consacrer prioritairement au développement de la Polynésie française en prévision de l'organisation d'un référendum dans quelques d'années.
Le Président du mouvement, le Sénateur Gaston Flosse, après avoir rappelé devant les cadres du Tahoeraa que, depuis les élections de 2004, si " une poignée d'individus sans scrupule a la capacité de faire basculer la majorité à sa guise et d'imposer ensuite sa volonté et même tous ses caprices au gouvernement, quel qu'il soit ", c'est " c'est aussi parce qu'ils savent que les deux blocs opposés, le Tahoeraa Huiraatira et le Tavini Huiraatira, sont incapables de se parler, de discuter et de s'accorder sur quoi que ce soit "
Le devoir de chercher une issue
Cet état de fait lui a fait penser qu'il avait " le devoir de chercher une issue à la crise qui paralyse et démoralise notre pays. Mais comment trouver une issue ? ". Cette solution, selon lui, elle passe par un dialogue entre le Tahoeraa et le Tavini : " il m'a paru que la seule solution raisonnable était de prendre acte de nos convictions opposées et de donner aux Polynésiens un délai pour faire définitivement leur choix (…) Pendant ces années, le Tavini Huiraatira s'abstiendra de réclamer l'indépendance et nous unirons nos forces pour assurer le développement économique, social et culturel de la Polynésie ".
Le Tahoeraa reste et restera autonomiste
Pour autant, le Président Flosse a tenu à rappeler que si des discussions devaient se tenir avec le Tavini, il n'était pas question de remettre en cause les choix fondamentaux du Tahoeraa Huiraatira : " Le choix de l'Autonomie au sein de la République, le choix de rester Français, est, depuis toujours, le choix fondamental du Tahoeraa Huiraatira. C'est le combat de ma vie, vous le savez. Je suis plus que jamais attaché à l'autonomie, je suis plus que jamais convaincu que c'est l'intérêt de tous les Polynésiens et la volonté de la majorité d'entre eux. Ce n'est pas à l'âge de 76 ans, après 50 ans de combat pour l'autonomie que je changerai. Je suis autonomiste et je resterai autonomiste. Le Tahoeraa Huiraatira reste autonomiste ".
Fort de ces explications et précisions, le Grand Conseil a adopté majoritairement la motion autorisant les responsables du mouvement à discuter avec le Tavini, sachant que tout projet d'accord qui pourrait éventuellement être conclu devrait être approuvé par ce même Grand conseil.
Le Sénateur Gaston Flosse saluant les membres de Grand Conseil
Lire l'intégralité du discours du président du Tahoeraa Huiraatira Gaston Flosse et celui du président délégué Edouard Fricth
Chers compagnons,
Je vous ai réunis au moment où notre Tahoeraa Huiraatira et notre pays tout entier traversent une véritable crise morale et politique. Oui, notre Mouvement est en crise depuis le 23 mai 2004. Qui pourrait le nier ? Regardez notre groupe à l'Assemblée : nous étions 28 Représentants élus sur des listes du Tahoeraa Huiraatira en mai 2004. Nous étions encore 27 après les élections de février 2005. Aujourd'hui nous sommes 17. Nous avons perdu plus d'un tiers de nos élus en deux ans, et il n'y a pas que nos élus à l'Assemblée qui nous ont trahis. Cependant, nous constatons avec réconfort que grâce à votre travail notre électorat est resté fidèle.
Le Tahoeraa Huiraatira a fait élire Nicolas Sarkozy en Polynésie française. Le Tahoeraa Huiraatira a envoyé 2 députés à l'Assemblée Nationale.Le Tahoeraa Huiraatira demeure malgré les trahisons, la première force politique du Pays.
Le Président Tong Sang, un de nos plus anciens compagnons, ministre dans tous les gouvernements que j'ai présidés, est devenu un adversaire du Tahoeraa Huiraatira.
En décembre 2006 dès qu'il a été élu, il a commencé à prendre ses distances. Il a formé son gouvernement sans nous consulter.
Il a donné tous les postes politiquement importants aux îliens.
Au fil des mois, il s'est de plus en plus ouvertement appuyé sur les ministres îliens et sur le groupe Polynésiens Ensemble qu'il a renforcé en dépouillant le Tahoeraa comme en avril dernier lorsqu'il fait démissionner du Tahoeraa Huiraatira 4 représentants à la fois.
Pour l'élection présidentielle, il nous a laissés tout seuls faire campagne pour Sarkozy pendant que ses alliés îliens faisaient voter pour Ségolène Royal.
Il s'est tellement peu engagé que Sarkozy a été battu à Bora-Bora.
Cela ne l'empêche pas de se présenter aujourd'hui comme le meilleur soutien du Président de la république en Polynésie française.
Il oublie que je connais Nicolas Sarkozy depuis bien plus longtemps que lui. Contrairement à ce qu'essaient de faire croire le Président Tong Sang et ceux qui le soutiennent, le Président de la République sait parfaitement que le Tahoeraa est le seul parti affilié à l'UMP en Polynésie française et il sait qui dirige le Tahoeraa.
Je peux d'ailleurs vous dire que samedi dernier encore, le Président de la République m'a appelé pour me demander de passer le voir dès que je pourrai me rendre à Paris afin de faire le point avec moi sur la situation.
Aux élections législatives, le Président Tong Sang a carrément essayé de faire battre Bruno Sandras en incitant tous ses amis à voter pour Béatrice Vernaudon.
Alors que nous étions le groupe le plus important de sa majorité, il ne nous a même pas consultés sur le contenu du projet de contrats qu'il est allé soumettre à Paris.
Mais, là aussi, le Président Tong Sang se fait des illusions s'il croit que le Gouvernement central ne connaît pas la réalité des forces politiques de notre pays. Le Secrétaire d'Etat chargé de l'outre-mer, Christian Estrosi, m'a récemment adressé un courrier tout à fait officiel pour que je lui fasse parvenir notre programme de développement.
Soyez sans inquiétude : malgré ses ambitions, le Président Tong Sang n'est pas prêt de court-circuiter la direction du Tahoeraa Huiraatira auprès du gouvernement central.
Tout le monde à Paris sait qu'il ne peut pas parler en notre nom et qu'il ne représente que lui-même et quelques élus girouettes.
Aujourd'hui, le Président Tong Sang se prépare à créer son propre parti politique dont le noyau sera formé de maires grâce à la DDC et par le rassemblement de tous ceux qui nous ont trahis.
Vous comprenez pourquoi, comme vous l'a exposé le président délégué, nous ne pouvions plus accepter de jouer la comédie du soutien à un président qui nous combat de plus en plus ouvertement.
Le Bureau Exécutif a tiré les conclusions logiques de tout ce que nous avons vécu depuis 7 mois en prenant la décision de quitter officiellement la majorité.
Et 4 de nos ministres : Armelle Merceron, Teva Rohfritsch, Madeleine Brémond et Frédéric Riveta ont tout aussi logiquement, par solidarité et fidélité au Tahoeraa Huiraatira, présenté aussitôt leur démission en toute liberté.
Je les félicite et les remercie chaleureusement pour le courage et la loyauté dont ils ont fait preuve à cette occasion. Nous pouvons être fiers d'eux.
Ils nous ont fait honneur pendant qu'ils ont gouverné, car ils étaient, de très loin, les meilleurs ministres.
Ils nous font honneur encore aujourd'hui en renonçant sans hésiter à leurs fonctions par solidarité avec le Tahoeraa. Je vous demande de les applaudir.
Mais le Tahoeraa est tout de même affaibli, le Tahoeraa est en crise. Et nous ne pouvons pas nous contenter de contempler avec satisfaction les forces qui nous restent encore. Nous devons agir pour sortir de cette crise.
Cette crise met en danger l'existence même du Tahoeraa Huiraatira.
Si nous restons passifs en laissant agir les îliens et le groupe Polynésiens Ensemble qui sont nos adversaires, le Tahoeraa Huiraatira disparaîtra. Je ne peux accepter cette situation.
Cette crise, frappe également l'ensemble de la vie politique et menace l'avenir de la Polynésie française. Qui pourrait le nier ?
Depuis le mois de juin 2004, en trois ans à peine, trois présidents différents se sont succédé à la tête de notre pays, cinq motions de censure ont été déposées et trois d'entre elles ont abouti au renversement du gouvernement.
Cette agitation perpétuelle de la classe politique s'est traduite par un immobilisme presque total de l'action gouvernementale. Depuis trois ans, notre Assemblée a consacré plus de temps à discuter des motions de censure et à échanger des accusations et des insultes qu'à délibérer sur des projets de loi ou de délibération.
Quelles sont les causes de cette instabilité permanente ? Ce n'est certainement pas le Tahoeraa Huiraatira ni sa direction qui en portent la responsabilité.
Le Tahoeraa Huiraatira existe depuis trente cinq ans et il a toujours le même président. Si nous étions un facteur d'instabilité, on l'aurait su depuis longtemps. Nous avons au contraire été les artisans de la plus longue période de stabilité et de prospérité qu'ait connue notre pays : 23 ans.
Non, nous ne sommes pas responsables du marasme actuel. Si trois gouvernements ont été renversés, si Oscar Temaru et le Président Tong Sang ont dû céder au chantage de quelques élus cupides, ce n'est pas la faute du Tahoeraa Huiraatira.
La vérité c'est qu'une poignée d'individus sans scrupule a la capacité de faire basculer la majorité à sa guise et d'imposer ensuite sa volonté et même tous ses caprices au gouvernement, quel qu'il soit.
Si ces quelques élus, parfois même un seul d'entre eux, possèdent un pouvoir aussi disproportionné, c'est évidemment parce qu'aucune formation politique ne dispose d'une majorité absolue à l'Assemblée.
Mais c'est aussi parce qu'ils savent que les deux blocs opposés, le Tahoeraa Huiraatira et le Tavini Huiraatira, sont incapables de se parler, de discuter et de s'accorder sur quoi que ce soit.
Regardez la répartition des forces à l'Assemblée aujourd'hui. Le Tahoeraa et le Tavini Huiraatira sont dans l'opposition.
Nous avons à nous deux 43 Représentants sur 57 et le premier tour des élections législatives a montré que nous représentions 75,1% des électeurs. Et pourtant ces 75% d'électeurs ne sont pas représentés au gouvernement. Une minorité impose sa loi à la majorité. Pourquoi ?
Parce que le Tahoeraa Huiraatira et Tavini Huiraatira, profondément divisés sur la question de l'Autonomie ou de l'Indépendance, se combattent sans concession sur tous les sujets.
J'ai ma part de responsabilité dans cet affrontement.
C'est pourquoi j'ai pensé que j'avais le devoir de chercher une issue à la crise qui paralyse et démoralise notre pays. Mais comment trouver une issue ? Comment arriver à faire de ces 75% d'électeurs une force politique ? Comment dialoguer avec Oscar Temaru ?
Le choix de l'Autonomie au sein de la République, le choix de rester Français, est, depuis toujours, le choix fondamental du Tahoeraa Huiraatira. C'est le combat de ma vie, vous le savez.
Oui M. Tong Sang vous avez déclaré à la Dépêche de ce jour : " pour changer l'idéologie du parti il aurait peut-être fallu lui demander son avis ". Vous avez menti encore une fois comme votre ami Jean-Christophe Bouissou. Le parti n'a pas changé d'idéologie.
Je suis plus que jamais attaché à l'autonomie, je suis plus que jamais convaincu que c'est l'intérêt de tous les Polynésiens et la volonté de la majorité d'entre eux.
Ce n'est pas à l'âge de 76 ans, après 50 ans de combat pour l'autonomie que je changerai.
Je suis autonomiste et je resterai autonomiste. Le Tahoeraa Huiraatira reste autonomiste.
Le choix de l'indépendance, le désir de créer un nouvel Etat souverain, est le choix fondamental du Tavini. Oscar Temaru et ses amis sont toujours convaincus que c'est l'orientation que les Polynésiens doivent choisir.
Contrairement à ce que disent les partisans de la troisième voie et leurs amis journalistes, le débat sur l'Autonomie et l'Indépendance n'est pas dépassé.
Il reste au cœur du débat politique et il y restera aussi longtemps qu'il n'aura pas été définitivement tranché.
Ce n'est pas facile. Et il y a eu entre Oscar Temaru et moi-même tant de combats, d'accusations, de dénigrements et d'insultes, que la confiance ne va pas de soi. Nous avons cependant quelques points en commun qui nous ont permis d'établir un premier contact. L'un et l'autre nous aimons notre Pays. Nous sommes attachés à notre culture, à notre langue.
Nous étions surtout animés par la même volonté de trouver une issue à la crise que traverse notre pays.
Nous avons évidemment tous deux fait le même constat sur la crise politique et ses causes. Nous étions tous deux conscients du fait que notre affrontement permanent était la seule force des quelques politiciens qui font la loi depuis trois ans.
Nous sentions tous deux que le peuple aspire à la réconciliation, à la paix dans notre Pays.
Nous n'avions pas de difficultés majeures pour trouver un terrain d'entente dans les domaines économiques, sociaux et culturels. Pour la question institutionnelle, il m'a paru que la seule solution raisonnable était de prendre acte de nos convictions opposées et de donner aux Polynésiens un délai de vingt ans pour faire définitivement leur choix.
Pour donner une base concrète au premier contact que nous avons eu avec Oscar Temaru et Anthony Geros, le président délégué, le secrétaire général et moi-même avons rédigé un avant-projet de protocole d'accord.
Je ne l'exposerai pas ici en détails puisque vous en connaissez tous le contenu.
Comme vous le savez, ce projet d'accord prévoit une période de vingt ans avant que la population se prononce sur l'avenir institutionnel de notre pays.
Pendant ces vingt années, le Tavini Huiraatira s'abstiendra de réclamer l'indépendance et nous unirons nos forces pour assurer le développement économique, social et culturel de la Polynésie.
Une démarche commune devra être entreprise auprès du Président de la République pour obtenir des élections anticipées. Le parti qui obtiendra le plus de voix lors de ces élections désignera le futur président, l'autre partenaire désignera le président de l'Assemblée.
Nous demanderons ensemble l'appui de l'Etat pour aider notre effort de développement et sa garantie pour l'organisation d'un referendum en 2028.
Sur le plan institutionnel, nous demanderons à l'Etat de renforcer tous les cinq ans nos compétences afin que les Polynésiens, dans vingt ans, puissent librement choisir entre une véritable autonomie au sein de la République ou l'indépendance.
J'aurais souhaité, avant de vous réunir, avoir une réponse claire d'Oscar Temaru afin de soumettre à votre décision un projet de texte sur lequel les deux partis pourraient s'accorder.
Car le texte qui a été diffusé est celui que nous avions préparé avant notre rencontre afin de servir de support à la discussion.
Ce texte n'est qu'un avant-projet, un document de travail. Je ne peux pas demander au Grand Conseil du Tahoeraa Huiraatira d'approuver ou de rejeter, je le répète, un avant-projet, un document de travail. Si les négociations se poursuivent, ce texte sera nécessairement corrigé et modifié. Si nous en arrivons là, je vous réunirai à nouveau car il est évident que je ne peux pas signer ou refuser de signer un texte de cette importance sans un vote du Grand Conseil, sans votre accord.
Mais, puisque la presse a publié ce texte inachevé, j'ai souhaité vous réunir dès aujourd'hui pour vous exposer mon analyse de la situation et vous demander si vous approuvez ou non ma démarche. C'est le but de notre Grand Conseil.
Que ce soit bien clair : vous n'allez pas voter sur un accord entre le Tahoeraa Huiraatira et le Tavini Huiraatira. Il n'y a pas, à ce jour, de texte formulant un tel accord. Vous allez voter sur une question plus simple que je formulerai ainsi :
Le Grand Conseil approuve-t'il la démarche initiée par le président, le président délégué et le secrétaire général du Tahoeraa Huiraatira. Le Grand Conseil les encourage-t-il à poursuivre les négociations ?
Ou bien, le Grand Conseil condamne-t-il ces démarches et demande-t'il au président, au président délégué et au secrétaire général d'arrêter les négociations immédiatement et définitivement.
Si vous donnez votre accord à la poursuite des négociations, cela n'engage en rien votre décision sur le texte que nous vous soumettrons si les négociations aboutissent.
Car vous comprenez bien que ce n'est pas plus facile pour Oscar Temaru et le Tavini que pour nous.
Je ne peux donc pas vous promettre que nos négociations aboutiront, même si vous les approuvez.
Mais je crois profondément que nous devrions entreprendre cette démarche et qu'il faut tenter de la conduire jusqu'au bout.
Je ne vois pas d'autre issue à la crise actuelle et je suis profondément convaincu que les Polynésiens souhaitent que le Tahoeraa Huiraatira et le Tavini Huiraatira donnent l'exemple de la réconciliation et montrent qu'ils sont capables de surmonter leurs rancoeurs et leurs divergences pour travailler ensemble au service de notre Pays et de tous les Polynésiens.
Je respecterai votre décision, comme je l'ai toujours fait, mais je vous demande de me faire encore une fois confiance et d'approuver la démarche que j'ai entreprise et que je crois nécessaire de poursuivre pour notre Pays que nous aimons tant.
Discour de M. Edouard Fricth
Chers amis, chers compagnons,
Je voudrai vous dire tout le bonheur que j'ai d'accueillir une nouvelle fois notre famille Tahoeraa Huiraatira à la mairie de Pirae. C'est devenu le lieu de toutes nos grandes réunions, mais c'est également ici que sont prises les grandes décisions concernant notre mouvement. Notre réunion de ce soir fera date dans l'histoire de notre mouvement. Elle fera date car, dans quelques instants, notre président vous parlera de la rencontre que nous avons eu avec Oscar Temaru et vous demandera votre position sur cette question. La presse s'est largement étendue sur ce qu'elle a qualifié d'accord secret entre le Tavini et le Tahoeraa Huiraatira. Mais surtout, elle a présenté cette rencontre comme liée au fait que le Tahoeraa Huiraatira ait décidé de quitter la majorité.
Pour la presse, comme pour nombre de commentateurs politiques malintentionnés, il ne s'agit là que d'une alliance de circonstance pour renverser le président Gaston Tong Sang où d'un revirement à 180 degré de nos objectifs. Que nous sommes devenus indépendantistes ! Malintentionnés, j'ai dit : c'est faux ! Malhonnête je devrai dire ! Surtout quand nous partenaires ou nos amis le déclarent ouvertement par voie de presse.
L'aboutissement d'un long processus
C'est faux ! Le bureau exécutif de notre mouvement a estimé que le Tahoeraa Huiraatira n'avait plus sa place dans la majorité. Il n'avait plus sa place dans la majorité qui a élu Gaston Tong Sang à la présidence du Pays le 26 décembre dernier. Mais cette décision n'est pas liée à la rencontre avec Oscar Temaru.
Cette décision, c'est l'aboutissement d'un long processus de dégradation des relations au sein de la majorité, des relations entre le Tahoeraa Huiraatira et le Président Gaston Tong Sang. Un processus qui trouve son origine dans la constitution même du gouvernement.
Dès le départ nous avons été saisis par l'incompréhension. Dès le départ, notre ami Gaston Tong Sang a écarté les responsables de notre mouvement, de son propre mouvement, de tout le processus de constitution de son gouvernement. C'est vrai, la constitution du gouvernement est de la seule prérogative du président de la Polynésie française. Mais puisque nous étions la principale composante de sa majorité, il aurait pu tenir compte de nos propositions pour la constitution de son équipe ministérielle. Il n'en a pas tenu compte. Mais à aucun moment, non plus, il n'est venu devant les instances dirigeantes du Tahoeraa pour s'assurer que nous étions en phase avec lui. Il n'est pas venu s'assurer de notre soutien. Nous avons été mis devant le fait accompli.
Nous avons été naïfs
Notre premier désaccord est venu quand nous avons appris que Temauri Foster avait été désigné comme vice-président, et qu'il était en charge de la DDC. Comment Gaston Tong Sang a-t-il pu donner autant de responsabilités à quelqu'un qui n'a pas voté la motion de censure ? Comment a-t-il pu donner autant de responsabilités à quelqu'un qui après la motion de censure, et jusqu'au dernier moment, a continué à négocier avec Oscar Temaru contre la candidature de Gaston Tong Sang ?
Je n'invente rien, c'est notre président Tong Sang qui l'a lui-même affirmé pour justifier le maintien dans ses fonctions de Jean-Alain Frébault. Parce que Jean-Alain aurait convaincu Temauri Foster et Teina Maraeura de voter pour notre nouveau président. Voilà les petites combines des îliens !
Mes chers amis, je crois que nous avons pêché par naïveté. Nous avons été naïfs. Nous avons cru que nous pourrions faire une majorité solide avec des gens qui n'ont cessé de trahir leurs engagements. Ils ont trahi le Tahoeraa. Ils ont trahi Oscar Temaru. Ils ont à nouveau trahi le Tahoeraa avant de trahir une nouvelle fois Oscar Temaru. Oui, nous avons été bien naïfs. Gaston, toi aussi tu as été naïf de croire qu'en leur donnant tout ce qu'ils voulaient nous aurions une majorité solide. Tu es devenu leur otage. Et au lieu de chercher l'appui de ta famille politique, tu as tout donné à tes maîtres chanteurs.
Le chantage des " îliens "
Temauri Foster et ses amis ont eu tout ce qu'ils voulaient parce qu'ils ont fait du chantage. Ils ont menacé de ne pas participer à la constitution de cette nouvelle majorité. Ils ont encore tout ce qu'ils veulent parce qu'ils menacent toujours le Président de la Polynésie française.
Ainsi, il a été contraint d'accepter l'exigence des îliens que deux ministres du Tahoeraa soient évincés du conseil d'administration du Fonds de développement des archipels. Il n'a pas non plus cherché à ce qu'un terrain d'entente puisse être trouvé pour la désignation, par l'Assemblée, d'un représentant du Tahoeraa au sein de ce conseil d'administration qui reste toujours incomplet et majoritairement contrôlé par les îliens.
Pourtant, le Président Tong Sang ne peut pas ignorer que la gestion de cet établissement public est soumise à de nombreuses critiques. Il ne peut pas ignorer qu'une plainte pour détournement de fonds publics a été déposée contre Teina Maraeura. Il ne peut pas ignorer que le Tahoeraa a besoin de cet outil pour travailler dans les îles.
Gaston Tong Sang cautionne-t-il le fait que les îliens veuillent se protéger de toute investigation des administrateurs du Tahoeraa ? Pourquoi le Président Gaston Tong Sang protège-t-il Jean-Alain Frébault à la tête de l'OPT ?
Pas de suite à la décision du Grand conseil
Mes chers amis, vous, les membres du Grand conseil, vous lui avez demandé, le 10 avril dernier, le remplacement de Jean-Alain Frébault parce qu'il avait été démis de ses fonctions de représentant par le Conseil d'Etat.
Gaston, tu as dis dans la presse que tu avais une " dette morale " vis-à-vis de Jean-Alain Frébault. N'as-tu aucune dette morale vis-à-vis de ta propre famille politique qui t'a demandé de le remplacer ? N'y a-t-il aucun autre endroit où caser Jean-Alain pour lui assurer le confortable revenu qu'il réclame ? 1 800 000 par mois semble-t-il ?
On nous dit que sans lui, sans Hiro Tefaarere, sans je ne sais qui, il n'y aurait pas eu cette majorité pour renverser Oscar Temaru. Et sans nous ? Sans le Tahoeraa, est-ce qu'il y aurait eu cette majorité ?
Pourtant, nous avions de bonnes raisons de ne pas nous allier avec des gens qui ont voulu notre perte. Nous avions de bonnes raisons de ne pas nous allier avec Hiro Tefaarere qui a entendu des voix montant de l'océan affirmer que notre président Gaston Flosse aurait commandité l'assassinat de JPK. Nous avions de bonnes raisons de ne pas nous associer avec Emile Vernaudon qui a co-signé la plainte dans l'affaire Anuaanuraro.
Notre président, moi-même, mais toi aussi Gaston, nous avons été accusés de choses que nous n'avons pas faites. Cela nous fait mal, encore aujourd'hui, mais nous avons accepté de travailler aux côtés de ces gens, pour constituer une nouvelle majorité. Le Tahoeraa a accepté cela.
Nous avons lu dans la presse également que le Tahoeraa voulait la Poste, la DDC et le FDA pour " arroser les électeurs ". C'est ce que tu as dit Gaston. Mais es-tu naïf au point de ne pas voir que les îliens se servent de la Poste, de la DDC et du FDA pour anéantir le Tahoeraa Huiraatira ? Mes chers amis, nous ne sommes pas là pour faire le procès de notre compagnon. Ils veulent détruire le Tahoeraa.
Nous sommes là pour dire que nous n'avons plus notre place dans cette majorité, avec des gens qui se disent nos partenaires mais qui n'ont qu'une idée en tête : nous détruire. Détruire le Tahoeraa Huiraatira.
Rappelez vous l'épisode de mon élection à la présidence de l'Assemblée. Ce même 10 avril dernier, vous avez proposé que je sois candidat à cette élection. Le Président du pays, qui était présent avec nous, ne nous a jamais dit que ce n'était pas possible. Il ne nous a pas dit qu'il avait promis à Hiro Tefaarere de soutenir sa candidature en échange de son maintien dans la majorité.
Fallait-il encore demander à quatre de nos élus, entre deux tours d'élection, de quitter le groupe Tahoeraa pour, paraît-il, conforter la majorité et me faire élire ? Tout ça pour quoi ? Pour que je n'obtienne que 28 voix alors que notre majorité en comptait 29 ? Où est la cohésion de cette majorité ?
Je crois que le Grand conseil n'aurait pas accepté de proposer ma candidature, s'il avait su le prix qu'il faudrait payer. Je ne crois pas qu'il aurait accepté s'il avait su que quatre de nos élus seraient contraints de nous quitter. Moi-même, si j'avais su que c'était le prix à payer, j'aurai refusé de me présenter.
Trop conciliants
Rappelez-vous encore les dernières élections. L'élection présidentielle d'abord. Où était cette majorité qui, sur les photos avec Dominique Busserau s'affichait dans une unité de façade ? Nous le savons tous, ce n'était que de l'hypocrisie, alors que les mêmes ont fait voter Ségolène Royal.
Les élections législatives ensuite. Où était cette majorité alors que nos pseudo-partenaires s'affichaient publiquement au soutien de Béatrice Vernaudon et de Benoît Kautai ?
Où était cette majorité quand Teina Maraeura déclarait : "notre ennemi, c'est le Tahoeraa" ?
Nous avons été conciliants. Nous avons été trop conciliants. Jusqu'au bout, nous avons cru que le chef de la majorité allait remettre de l'ordre dans ses rangs. Nous lui avons fait confiance en pensant qu'il allait renforcer la cohésion de la majorité.
Mais voilà, quand Michel Yip a démissionné du gouvernement, vers qui le Président de la Polynésie française s'est-il tourné pour conforter sa majorité ? Vers sa famille politique ? Non ! Il s'est tourné vers le Fetia Api, ce parti moribond, laminé aux dernières élections. Sans succès jusqu'à présent.
Majorité malade
Sa démarche ne lui a assuré aucune maîtrise de cette majorité. Non ! Parce que notre majorité était déjà malade. Sa majorité n'était plus cohérente.
Ainsi, tirant les leçons de la dernière semaine de la session administrative de l'Assemblée, le Tahoeraa Huiraatira a déjà eu l'occasion de dénoncer le manque de cohésion de cette majorité. Le Tahoeraa a dénoncé le manque de loyauté de ses partenaires du groupe Polynésiens ensemble. Certains de ces derniers, à commencer par le président du groupe, ont refusé de donner procuration à un membre du Tahoeraa Huiraatira. Au risque évident de mettre le gouvernement en difficulté, par manque de majorité sur les textes qu'il présentait.
Seul le Tahoeraa Huiraatira a du faire la démonstration de sa loyauté. Seul le Tahoeraa a dû se démener pour obtenir l'assurance du vote des élus non-inscrits, afin de faire passer les lois du pays soumises par le gouvernement. Seul le Tahoeraa aurait été critiqué si ces textes n'avaient pas été adoptés.
Je ne parle pas du fameux texte des 70.000F ou de la proposition sur le contrat de projet. Je parle des lois du Pays que Jean-Christophe Bouissou et Eleanor Parker n'ont pas voté !
Le Tahoeraa Huiraatira a toujours été loyal envers Gaston Tong Sang et son gouvernement. Pendant ce temps, où était la majorité du Président Tong Sang ?
Le silence de Tong Sang
Le Tahoeraa Huiraatira ne peux plus se contenter d'un rôle de faire-valoir au sein d'une majorité incohérente.
Le 9 juillet, j'ai écrit au président Tong Sang pour lui faire part du malaise qui règne à l'Assemblée. Le 10 juillet, nous lui avons écrit, le Président Gaston Flosse, notre secrétaire général, Bruno Sandras et moi-même, pour lui demander de nous rencontrer le 14 juillet. Nous voulions mettre à plat, avec lui, les relations difficiles qui existent entre le Tahoeraa Huiraatira et lui-même.
Je dois le dire : j'ai été choqué que le président Tong Sang, notre vieux compagnon, nous fasse appeler par un de ses collaborateurs pour nous dire que la date que nous avons proposé ne lui convenait pas, sans même fixer une autre date. Son silence personnel nous a fait penser que le Tahoeraa Huiraatira ne comptait plus à ses yeux. C'est aussi ce qui nous a fait penser que nous n'avions plus notre place dans la majorité.
C'est aussi pourquoi, le 16 juillet, le bureau exécutif a décidé que nous devions nous désolidariser de la majorité.
Finalement, Gaston Tong Sang est venu à notre rencontre le lendemain, pour nous demander de reconsidérer notre position. Mais il n'avait aucune proposition à nous faire. Au contraire, il est resté sur ses positions, refusant de répondre favorablement à la demande du Grand conseil de sortir les frères Frébault.
Je peux comprendre que pour maintenir ta majorité, tu ais souhaité ménager certaines personnes. Ce que je ne comprends pas, c'est que, alors que tu as toujours répondu favorablement aux demandes des îliens, de Hiro Tefaarere, de Jean-Christophe Bouissou tu es allé jusqu'à annoncer dans les journaux que tu soutiendrais la candidaturede J.C. Bouissou à la mairie de Faa'a – contre le candidat Noah Tetuanui. Ce que je ne comprends pas, c'est que tu ais toujours évité de chercher notre soutien.
Trop, c'est trop !
Tu nous diras que nous avons eu beaucoup. Que le Tahoeraa a été bien servi. Que le Tahoeraa en veut toujours plus. Notre Tahoeraa n'a pas eu plus que ce qu'il était en droit d'attendre, en raison de son poids politique dans la majorité.
Par contre, ce à quoi nous ne nous attendions pas, et que nous avons bien reçu, ce sont les coups bas, les insultes (vous savez, les vieux schnock, les " traitres " dont on nous a gratifié avant-hier, et autres qualificatifs), l'absence de loyauté, les manœuvres pour nous anéantir.
Oscar Temaru, en deux ans, en 24 mois, nous avait volé quatre élus. Cette nouvelle majorité, avec les traitres d'hier, a réussi à nous ravir quatre nouveaux élus Tahoeraa en quatre mois. Mes chers compagnons, en février 2007, nous étions 27 élus Tahoeraa. En avril 2007, nous n'étions plus que 17 !
Il ne faut pas se voiler la face. Cette majorité était mal partie dès le départ. Malgré notre patience, notre abnégation, les conditions de la bonne entente et de la confiance n'ont jamais pu se créer. Nous avons du nous résoudre à faire ce constat. Trop c'est trop ! Il en va de la survie même du Tahoeraa Huiraatira.
S'il n'y avait pas eu ce sursaut, les îliens auraient continué leur politique destructrice, en se servant des moyens publics mis à leur disposition pour corrompre nos maires, pour corrompre nos militants, pour anéantir le Tahoeraa Huiraatira.
Nous ne voulons pas ta tête
Je vous le dis mes amis, et tu le sais Gaston, devant cette attitude hostile à notre égard, certains, dans nos rangs, étaient prêts à voter la dernière motion de censure déposée par l'UPLD. Nous les avons convaincu de ne pas se rendre à l'Assemblée. Pendant la discussion de cette motion de censure, notre président Gaston Flosse a réuni tout le monde à Vetea.
Qu'on ne vienne pas aujourd'hui nous dire que Gaston Flosse, Bruno Sandras ou moi-même avons voulu la tête du Président Tong Sang. Qu'on ne vienne pas nous dire que nous voulons lui piquer sa place.Il était si simple de faire voter cette motion de censure. Nous n'y avons jamais songé. Nous sommes contre cette stratégie.
Gaston, je te le redis, il ne s'agit pas d'un conflit personnel avec toi. Il ne s'agit pas de dire qu'il faut te remplacer. Il s'agit des intérêts du Tahoeraa. C'est ce que nous avons essayé de te faire comprendre.
Demander la dissolution
Nous avions dit que nous n'étions pas favorables à la dissolution. Nous avions dit que notre nouvelle majorité était conforme aux aspirations de l'immense majorité des Polynésiens. Gaston, les faits nous donnent tort. Ils nous donnent tort parce qu'au sein de cette majorité, nous n'avons jamais réussi à travailler ensemble. Si nous ne pouvons pas travailler ensemble, nous ne pouvons pas dire que nous représentons les Polynésiens.
Gaston, tu peux retourner le problème dans tous les sens. La stabilité politique que nous souhaitons, tout comme toi, ne pourra pas renaître au sein d'une majorité ou tout nous sépare de nos pseudo-partenaires. Où nos pseudo-partenaires font tout pour nous marginaliser, nous dénigrer et nous écraser.
Pis, j'ai fortement l'impression que ces amis qui nous ont trahi veulent nous donner des leçons, nous apprendre à lire notre propre statut et pis veulent diriger notre parti de l'extérieur. Ils nous précipitent dans le désarroi pour mieux nous priver de nos militants et faire leur OPA sur notre parti.Nous ne cèderons pas. Il nous faut nous ressaisir. Il nous faut leur démontrer que la trahison n'a jamais été une bonne stratégie politique. L'expérience de certains d'entre nous l'a démontré d'une façon fracassante.
La clarification politique est indispensable si nous voulons que notre Pays soit gouverné de manière sereine. Aussi, Gaston, je te le demande. Nous te le demandons.Pour sortir de cette impasse, nous n'avons plus d'autre choix que de retourner devant les électeurs. Tu dois demander au Président de la République la dissolution de notre assemblée.
J'ai lu tes déclarations dans la presse, puisque c'est notre seul moyen de communiquer, tu as tort de retarder les choses.Tu as tort de nous accuser de vouloir changer de cap, nous ne sommes pas des opportunistes, détrompes-toi ! Encore une fois, c'est la situation politique et les relations au sein de ta majorité qui nous ont poussé à nous désolidariser.
Nous demanderons tout à l'heure à nos amis du Grand conseil d'approuver notre décision de sortir de cette majorité. Mais je le répète aussi, si nous avons pris cette décision, c'est avant tout pour préserver l'unité de notre mouvement. C'est ce qui nous importe le plus.
Pour que vive le Tahoeraa Huiraatira !
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