Le budget 2008 du pays attendra l'installation du prochain gouvernement. Ainsi en a décidé la majorité de l'Assemblée, suite au vote des élus Tahoeraa et To Tatou Ai'a répondant favorablement à la proposition du président de l'assemblée, Edouard Fritch, de surseoir à l'étude du budget, en attendant les élections et l'installation du gouvernement issu des urnes.
Après bien des tergiversations, des suspensions de séance et des renvois à plus tard, la poursuite de l'étude du budget devait en effet reprendre mardi matin, dernier jour de la session budgétaire.
Mais avant que l'on poursuive cette étude commencée il y a trois semaine, Edouard Fritch a estimé que " eu égard à la divergence profonde des positions sur le contenu et les conditions de réalisation de l'équilibre du projet de budget primitif pour l'exercice 2008 de la Polynésie française, dans un souci d'apaisement, je vous propose le report de l'examen de l'acte et des débats, sur les bases actuelles ou non, à la suite de la désignation du nouveau gouvernement issu du scrutin général des 27 janvier et 10 février 2008 "...
Une proposition qui n'a pas retenu la faveur de l'UPLD, à commencer par le vice-président Géros qui a estimé que le gouvernement avait rempli sa mission : " demander le report pour se décharger sur une nouvelle équipe, c'est faire preuve de manque de responsabilité ". Par ailleurs, il a estimé que le vote d'un autre budget avant le 31 mars relèverait de la mission impossible pour le prochain gouvernement, en raison des échéances municipales.
Mais si Tony Géros, et on le comprend, voulait absolument sauver son budget et continuer les débats, il a seulement oublié qu'aucune majorité des représentants n'était disposée à le voter en l'état. C'est d'ailleurs ce qu'a souligné Armelle Merceron, au nom du groupe Tahoeraa, rappelant que " si le gouvernement ne nous propose pas de modification, on peut dire que nous sommes dans une situation de blocage ". Or, de modification, le ministre des finances n'en a proposé aucune.
" Nous n'avons pas réussi à nous entendre sur les conditions de l'équilibre " a ajouté Armelle Merceron, soulignant que la situation était aussi perturbée par le contexte pré-électoral. " Contrairement à ce que nous avions demandé, le ministre a maintenu les élections avant les communales. Même Gaston Tong Sang a dit que, finalement, il serait mieux que ce budget soit présenté par le nouveau gouvernement. C'est notre position. Même si les délai paraissent courts, il est faisable que le nouveau gouvernement fasse adopter le budget avant le 31 mars ".
La Polynésie peut tourner
Mais Armelle Merceron a également souligné que le Tahoeraa s'était inquiété des possibles conséquences de l'absence d'adoption du budget. Ce qui ne sera pas pénalisant pour le fonctionnement de la Polynésie puisque la loi a prévu qu'en cas d'absence d'adoption, le pays pouvait fonctionner sur la base des douzièmes du budget 2007 jusqu'au 31 mars. Donc, les dépenses peuvent être réglées. Par ailleurs, pour ce qui concerne les dépenses d'investissements, toutes les opérations en cours et prévues par le budget 2007 peuvent continuer d'être engagées, et de ce côté il reste 30 milliards de crédits de paiement. La Polynésie ne sera donc pas paralysée.
La représentante du Tahoeraa a toutefois rappelé que cette opposition au budget était basée sur des " considérations techniques. C'est bien parce qu'il y a impossibilité d'assurer un équilibre sincère que nous avons pris position contre certaines lignes ". Une position qui avait été affirmée par les représentants du Tahoeraa, dès l'ouverture de la discussion budgétaire. Et si Tony Gros a pu répondre favorablement à certaines demandes du Tahoeraa, afin de donner plus de sincérité à son document, il n'a pas pu aller jusqu'au bout. " A quelques semaines des élections, le gouvernement ne peut pas aller chercher de nouvelles recettes " pour boucher les trous restants a estimé Armelle Merceron. La nouvelle équipe qui sortira des urnes aura donc à préparer en priorité le nouveau budget.
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