A la suite du discours d’Oscar Temaru prononcé lors de l’ouverture des Etats-Généraux du 16 juin 2009 et dont le thème essentiel était que ces Etats Généraux « mettent le cap sur l’indépendance de la Polyénsie » le Sénateur Gaston Flosse, leader du Tahoeraa Huiraatira a posé une question orale au président Temaru lors de la séance du 26 juin 2009 à l’Assemblée de Polynésie. A noter que Gaston Flosse s’estimant mis en cause par les propos d’Oscar Temaru a demandé au président Philip Schyle, président de l’Assemblée de Polynésie, la possibilité de répondre. Philip Schyle a sèchement refusé montrant ainsi les limites qu’il donne au mot démocratie.
Monsieur le président,
A l’ouverture des Etats généraux, vous avez déclaré que l’objectif de ces discussions était à vos yeux de préparer l’indépendance de la Polynésie française.Je connais vos convictions sur l’avenir de notre pays. Je ne les partage pas, mais je les respecte. Mais vous devriez également respecter les convictions des Polynésiens qui ont toujours majoritairement rejeté l’indépendance. Les membres de notre assemblée, y compris parmi ceux qui vous soutiennent, sont majoritairement autonomistes. Vous n’avez aucune légitimité pour déclarer en tant que président de la Polynésie française que l’objectif des Etats généraux est de préparer l’indépendance.En outre, vous avez choisi d’exprimer une nouvelle fois votre volonté d’indépendance dans des circonstances et d’une façon que beaucoup de Polynésiens, y compris dans votre majorité, ont trouvé inappropriée et provocatrice.Dans les jours qui ont suivi vous avez tenté de corriger les effets de votre bévue en jouant sur les mots. Il ne s’agissait plus d’indépendance mais d’une autonomie élargie à l’ensemble des compétences d’un pays souverain. Vous avez ainsi ajouté la confusion à la provocation et déçu les indépendantistes sans rassurer les autonomistes.Monsieur le président, nous avons besoin d’y voir clair et de savoir, avec une totale certitude, comment vous comptez organiser ces Etats généraux.
Comprenez-moi bien. Le mot indépendance n’est pas tabu à mes yeux et je vous en ai donné de nombreuses preuves depuis deux ans. Le Président de la République vous a également rassuré sur la position de l’Etat à ce sujet. Si l’un des ateliers aborde les questions institutionnelles, personne ne s’étonnera que certains participants argumentent en faveur de l’indépendance.
Mais le but essentiel de ces Etats généraux est d’ordre économique et social. Comment, avec l’aide de l’Etat, sortir de la crise qui détruit notre économie et frappe de plus en plus de Polynésiens ? Comment sauver notre système de solidarité ? Comment trouver de nouvelles ressources pour le long terme ? C’est la réponse à ces questions qui est, à nos yeux et aux yeux de tous les Polynésiens, la raison d’être de ces Etats généraux.
En déclarant que l’objectif de ces discussions était la préparation de l’indépendance, vous avez perturbé gravement les milieux économiques. Les organisations syndicales et patronales hésitent à y participer.
Le Tahoeraa Huiraatira ne pratiquera pas la politique de la chaise vide. Nous serons présents et nous participerons activement. Mais nous avons besoin de savoir de quoi nous allons débattre.
Monsieur le président, je vous demande de lever immédiatement le doute et de nous dire, sans faux-fuyant, sans ambiguïté, sans langue de bois, si, oui ou non, l’objectif de ces Etats généraux est la préparation de l’indépendance. Si tel est le cas il faudra que vous précisiez dans quel délai et avec quels moyens économiques vous comptez nous entraîner dans cette aventure. Nous sommes prêts à en débattre.
Si, au contraire, vous vous engagez à respecter le caractère essentiellement économique et social de ces rencontres, nous apporterons, sans réserve et sans arrières pensées, notre contribution à la réflexion collective et à la recherche des solutions les plus efficaces pour sortir notre pays de la crise.
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