Chers amis,
Cette journée parlementaire n’est pas une journée comme les autres : c’est la dernière d’une législature que le Président de la République a conduit avec courage et lucidité. Dans une période difficile, il a maintenu l’unité de la nation, défendu le rôle et l’ambition de notre pays sur la scène internationale. Il a mené dans un esprit de justice le changement et la modernisation de notre pays.
Et chers amis, ce n’est pas sans émotion que je prends la parole devant vous.
Comme vous, j’éprouve un sentiment de fierté devant le travail accompli, mais aussi une certaine appréhension devant la bataille politique qui s’annonce. Elle sera difficile pour notre famille. Elle sera difficile pour chacun d’entre nous. Elle représente pour vous, je le mesure bien, des sacrifices personnels, un engagement de tous les instants, de l’écoute, du dévouement, un courage que je veux saluer.
Sachez le : je serai à vos côtés, disponible, attentif, pour que dans chacune de vos circonscriptions, forts de la défense de l’intérêt général, vous partiez avec les meilleures chances.
Nous devons gagner en 2007. Gagner pour la France. Gagner pour les Français. Gagner pour vous, qui défendez sans relâche une certaine idée de notre pays sur le terrain.
Nous ne pouvons pas nous permettre 5 ans de socialisme, 5 ans de retour en arrière, 5 ans de frilosité.
Depuis 2002, nous avons changé la France.
Nous avons remis notre pays sur les rails du plein emploi, de la croissance et du désendettement. Nous avons garanti les retraites et notre système de santé. Nous avons redonné à la sécurité des Français la place qui doit être la sienne dans toute démocratie : la première.
Car un peuple qui a peur est un peuple qui n’avance pas. Un peuple qui a peur est un peuple qui n’a plus de destin collectif.
Ces changements, nous les avons accomplis sereinement, avec lucidité, avec l’assentiment de la majorité des Français.
Et pourtant nous avons connu des épreuves. Je pense en particulier à la crise des banlieues. Elle a révélé un malaise profond dans notre société, une vraie crise des valeurs et de l’intégration. Nous avons travaillé sans relâche depuis un an pour apporter des premières réponses : je ferai un point précis de la situation avec le gouvernement dans les prochains jours.
Nous avons également su réconcilier ce qui avait été divisé, comprendre nos erreurs et en tirer les leçons pour faire mieux dans l’avenir. Et je sais personnellement tout ce que je dois à vos conseils, à votre expérience : nous sommes sortis ensemble de la crise du CPE et nous en avons fait le point de départ d’une politique résolument tournée vers le dialogue social et la modernisation de notre système universitaire.
Alors devant tous ces changements que nous avons réussi à accomplir, je n’ai qu’un seul mot : merci. Merci à vous qui avez passé des jours et des nuits sur les bancs de l’Assemblée nationale et du Sénat à défendre les textes de loi et à les améliorer. Je veux saluer avec affection et reconnaissance Christian PONCELET et Jean-Louis DEBRÉ qui conduisent les travaux du Parlement avec tant de sagesse. Et je veux avoir un message particulier pour nos deux Présidents de groupe Bernard ACCOYER et Josselin de ROHAN qui n’ont jamais ménagé leur peine pour rassembler nos forces dans le respect de chacun.
Je mesure combien les dernières semaines ont été éprouvantes. Merci à tous les Présidents de commission pour leur engagement. Car un grand texte de loi ne naît pas seulement de la technique ou de l’expertise : il se nourrit des convictions les plus profondes, de la connaissance des hommes et du monde. On ne réforme pas le système de santé avec des chiffres, on le réforme avec la connaissance et la préoccupation des autres. On ne réforme pas le système de retraites avec des calculs et de l’idéologie, on le réforme avec l’attention aux personnes âgées et le souci des générations futures, on le réforme avec son cœur.
Et je sais qu’il y a un homme qui n’a jamais manqué ni de cœur ni de courage, un homme qui pendant trois ans a porté ces changements sur ses épaules avec une détermination jamais entamée, avec le souci constant de l’équilibre et de l’apaisement, c’est Jean-Pierre RAFFARIN. Au nom de tous, Jean-Pierre, merci.
Je t’ai succédé à un moment difficile pour notre démocratie : pour la première fois de son histoire récente, la France avait voté non à un projet européen. Elle avait refusé les orientations d’une Europe qu’elle jugeait trop libérale et trop indifférente au sort de ses concitoyens.
J’ai toujours gardé la même conviction, une conviction d’ancien ministre des Affaires étrangères, et tout simplement une conviction d’homme : la France croit en l’Europe. Les Français attendent toujours davantage de l’Europe. Davantage de protection face à l’immigration irrégulière, davantage de croissance économique, davantage d’emplois mais aussi la défense de notre identité.
Et ce que Nicolas SARKOZY propose en matière d’immigration, ce que je propose avec le patriotisme économique européen ou avec la stratégie européenne de l’énergie, ce sont des réponses concrètes, des réponses attendues.
L’Europe doit nous renforcer et mieux nous protéger. Parfois lointaine et tatillonne, elle doit entrer dans la réalité de nos besoins. L’Europe des directives et des règlements doit céder la place à l’Europe des projets.
Pour répondre au choc du 29 mai, je me suis fixé une exigence : l’action. Et un objectif : les résultats. Oui, la politique retrouvera sa légitimité à force de résultats. Elle retrouvera le soutien des Français si elle change leur vie quotidienne et si elle donne un sens à notre destin collectif.
Je sais que vous en êtes convaincu. Je sais que vous partagez cet idéal.
Les résultats commencent à venir : le chômage baisse, la croissance redémarre, le désendettement de notre pays est en marche. Sur tous les fronts, nous enregistrons des succès. Et je suis bien placé pour vous dire tout ce que cela doit à l’engagement des différents Ministres du Gouvernement : Nicolas SARKOZY, Michèle ALLIOT-MARIE, Jean-Louis BORLOO, Philippe DOUSTE-BLAZY, Thierry BRETON, Gilles de ROBIEN, et tous les autres. Je veux avec vous leur exprimer toute ma gratitude. Dans les mois à venir, nous voulons encore davantage de résultats et toujours autant d’action. Nous ne pouvons pas relâcher l’effort. Comment améliorer le pouvoir d’achat de tous ceux qui travaillent ? Comment trouver un emploi pour tous ceux qui n’ont ni les diplômes ni les qualifications qui conviennent ?
A nous d’apporter des réponses.
Car en apportant des résultats, nous arriverons à convaincre les Français qu’ils peuvent réussir dans la mondialisation. Qu’ils ont tous les atouts, toutes les capacités, pour faire la course en tête. Qu’ils peuvent rester eux-mêmes et conquérir un monde toujours plus ouvert et toujours plus compétitif.
En apportant des résultats, nous remplirons la mission qui nous a été assignée à chacun par le Président de la République : faire de cette année une année utile pour la France.
J’ai une profonde admiration pour les Français, qui veulent vivre dans le monde tout en restant eux-mêmes. Ils se battent pour réussir, ils veulent s’adapter et défendre leurs valeurs.
Je me sens un profond devoir à leur égard.
Comme je me sens un devoir à l’égard de vous, à l’égard de tous les membres de la majorité qui depuis 1995 ont défendu pied à pied nos idées et nos convictions. Grâce à vous les notions de travail, de responsabilité, d’autorité ont retrouvé tout leur sens dans notre pays. Et je sais tout ce que je dois, tout ce que nous devons à Alain JUPPÉ, qui a toujours défendu la voie du courage, du dévouement, de la vérité en politique.
Ce devoir envers vous c’est aussi d’entendre les messages que vous m’adressez tous les jours sur le terrain. Vous souhaitez, je le sais, être mieux armés pour répondre aux attentes de nos compatriotes. C’est pour cela que j’ai construit un budget en faveur de l’emploi et du pouvoir d’achat. C’est pour cela aussi que je débloquerai 100 millions d’euros en loi de finances rectificative pour apurer les dossiers FNADT en retard et financer des projets qui vont dans l’intérêt des Français. De même pour les aides au patrimoine, pour la négociation des contrats de projet Etat région, j’ai tenu le plus grand compte de vos recommandations.
Il reste sept mois avant les échéances. Sept mois d’action, je l’ai dit. Mais aussi sept mois de rassemblement et d’unité.
L’unité, c’est quoi ? Ce n’est pas un slogan, ce n’est pas un mot creux. C’est une exigence de tous les jours. Elle est faite de volonté et de respect de l’opinion des autres. Car l’unité, ce n’est pas certainement pas l’alignement. C’est au contraire la capacité à laisser s’exprimer des voix diverses et à avancer par le dialogue.
Nous avons tous des histoires différentes. Nous représentons des sensibilités politiques différentes.
Pourtant l’unité est possible, l’unité est nécessaire.
Alors bien sûr c’est difficile. Cela exige de l’attention et de l’ouverture d’esprit. Cela demande en permanence la faculté de se remettre en cause. Cela demande de ne pas s’attarder sur soi-même ni de céder à une quelconque amertume. Mais cette unité dans l’expression des différences est aussi un atout pour notre famille.
A gauche, il y a l’idéologie. A droite, il y a le pragmatisme. A gauche, le projet est une synthèse. A droite, ce sera une ambition pour la France.
Car à droite, il y a le débat d’idées. Oui, nos débats sont nécessaires, ils sont salutaires pour tracer la voie de l’équilibre dans un monde complexe et incertain. Comme Nicolas, je crois à la confrontation des idées. Nicolas, je sais tout ce que nous devons à votre engagement personnel pour la modernisation et le dynamisme de notre mouvement. Je connais votre détermination et votre esprit de liberté. Ce sont des atouts pour notre famille dans les échéances à venir.
Alors oui, notre responsabilité est immense. Qui s’interroge aujourd’hui réellement sur les grandes questions de notre pays ? Notre famille politique. Qui ose parler librement des sujets qui préoccupent réellement les Français comme la sécurité, l’immigration ou l’éducation ? Notre famille politique. Qui pose clairement les alternatives entre dépenses publiques ou désendettement, respect des règles républicaines ou affaiblissement de notre unité nationale ? Notre famille politique encore.
Grâce à vous, la droite républicaine est revenue au cœur de la vie politique nationale. Elle propose, elle inspire, elle anime les réflexions et elle innove dans la décision.
2007 sera un choix. Il faut que les termes de ce choix soient clairement posés. Tout n’est pas dans tout et réciproquement, comme semblent le penser certains responsables socialistes. Tout n’est pas compatible : on ne peut pas dire qu’on veut faire baisser le chômage et refuser de réfléchir à des solutions nouvelles. On ne peut pas se poser en défenseur des petites entreprises et demander l’abrogation du CNE. On ne peut pas promettre plus de sécurité et s’opposer à la prévention de la délinquance. On ne peut pas dire qu’on veut préparer l’avenir de nos enfants et laisser filer la dette de l’Etat.
Il faut davantage de vérité dans notre démocratie. Davantage de lucidité et de cœur.
Alors le meilleur est possible pour la France.
Dans les mois à venir, vous pourrez compter sur ma détermination et celle de tout mon gouvernement à bien servir les Français : car c’est la meilleure façon de les convaincre de poursuivre le chemin avec nous. N’écartons aucun sujet, en particulier les sujets de société : sur la question du tabac par exemple, Pierre MORANGE a fait avec la mission parlementaire un travail de fond remarquable. Est-ce que les Français pourraient comprendre que nous ne prenions pas de décision à la suite de ces travaux ?
Vous pourrez compter aussi sur mon engagement pour contribuer, à la place qui est la mienne, comme chef du Gouvernement et de la majorité, à la crédibilité des propositions politiques. Face au déni constant de réalité des socialistes, il y a des vérités économiques, il y a des vérités diplomatiques et politiques qui sont bonnes à rappeler. On peut vouloir changer le monde, et c’est même l’honneur de la politique. Encore faut-il être lucide sur le monde tel qu’il est, sur nos atouts, sur nos forces comme sur nos faiblesses, sur les aspirations des Français.
Surtout, vous pourrez compter sur mon soutien à celui qui sera le mieux placé pour défendre nos couleurs et nous conduire à la victoire : car après le temps du projet viendra le temps du rassemblement, après le temps du débat viendra le combat. Il sera difficile, nous aurons besoin de chacun.
Ne précipitons pas les choses. La route est encore longue et ardue. Notre mouvement s’est fixé un rendez-vous en janvier 2007. Le Président de la République a par ailleurs indiqué qu’il ferait part de son choix dans le courant du premier trimestre. C’est un calendrier qui doit nous permettre de travailler sereinement dans les mois à venir, en nous concentrant sur les préoccupations des Français.
Ensuite viendra le temps de la campagne. Et j’en ai la certitude : cette campagne sera passionnante. Elle est attendue par nos compatriotes, qui demandent des choix clairs et courageux sur la place de la France en Europe et dans le monde, sur l’avenir de notre société, sur notre identité, sur notre volonté de vivre ensemble, sur notre capacité à renforcer nos valeurs collectives de fraternité, d’égalité et de justice.
Aujourd’hui nous portons un espoir. Nous portons l’exigence d’action et de rassemblement. Notre devoir, c’est de refuser la France du déclin et du repli que proposent les socialistes. Notre devoir et notre honneur, c’est d’offrir à la France une ambition dans le monde de demain.
Alors je vous le dis, la victoire sera au bout du chemin.
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