Papeete, le 24 octobre 2006
Madame la députée,
Vous avez accordé un entretien à un journaliste de la dépêche qui l’a publié sous le titre, « Gaston Flosse doit se découvrir sur la prime majoritaire…».
Sachant que les journalistes sont friands de titres racoleurs qui peuvent donner une fausse idée des propos réellement tenus, j’ai pris soin de lire intégralement le compte rendu de vos propos.
La phrase citée par le journaliste y figure bien. Ainsi donc, vous estimez que je dois me découvrir sur la prime majoritaire. Ignorez vous que j’ai signé, il y a déjà plus de six mois, ainsi que tous les Représentants de l’opposition, une lettre adressée au ministre de l’Outre-mer pour demander la révision du mode de scrutin et la suppression de la prime majoritaire ? ou bien faites vous seulement semblant de l’ignorer ? Comment puis je prendre partie plus clairement que par une démarche aussi officielle sur le sujet qui vous préoccupe ?
En revanche vous ne semblez pas reprocher à Oscar Temaru son refus catégorique de remettre en question le mode de scrutin. C’est pourtant lui seul qui fait obstacle à la révision que vous souhaitez. Vous dites que « la proposition de résolution de Nicole Bouteau et Philip Schyle n’a toujours pas été portée au débat ». Pourquoi ne précisez vous pas que c’est la majorité UPLD qui refuse depuis 6 mois l’inscription de ce dossier à l’ordre du jour ? Pourquoi ne demandez vous pas à Oscar Temaru de se découvrir sur la prime majoritaire qu’il a tant critiquée et qu’il veut à tout prix conserver aujourd’hui.
Mais la lecture de votre interview m’a apporté encore d’autres surprises. Ainsi j’apprends que vous condamnez le statut actuel qui « n’a jamais été discuté avant d’être présenté au Parlement…qui est passé par amendement au Sénat sans que les députés aient été informés ». Comment osez vous déformer ainsi la réalité ? Puisque votre mémoire est si infidèle, permettez moi de vous rappeler que :
- la loi organique portant statut de
la Polynésie
française a été préparée pendant 8 ans (de 1996 à 2004). En tant que ministre vous avez été régulièrement informée de l’avancement des travaux et vous n’avez jamais élevé de critique.
-Avant d’être soumise au Parlement la future loi a été présentée, en 2003, à l’Assemblée de
la Polynésie
française qui a émis, à la majorité, un vote favorable.
-Contrairement à vos affirmations, les députés ont débattu et voté à deux reprises sur notre statut. Les débats ont d’ailleurs été télévisés et retransmis en Polynésie.
-A deux reprises, vous avez vous même voté pour l’adoption de cette loi statutaire.
Jusqu’en 2004 vous n’avez élevé aucune critique sur ma façon de gouverner ou sur mes projets statutaires. D’ailleurs vous avez été, aussi longtemps que nous sommes restés au pouvoir, une ministre particulièrement déférente, pour ne pas dire obséquieuse, envers le président et une députée loyale au parti politique qui vous avait fait élire.
Apparemment c’est lorsque nous avons été vaincus que vous avez eu la révélation. Vous avez soudain découvert que nous étions mauvais, que nous nous étions trompés sur tous les points et que nous étions coupables de tous les péchés. C’est aussi à ce moment là que vous avez découvert les vertus sublimes d’Oscar Temaru. Je suppose qu’il conservera à vos yeux tout son prestige tant qu’il sera au pouvoir et que vous penserez qu’il peut vous être utile pour conserver votre siège de députée. Ensuite, comme vous l’avez dit, peut-être tenterez vous un rapprochement avec Nicole Bouteau, si les vents lui sont favorables, ou avec un autre vainqueur potentiel.
Pour vous les vaincus ont toujours tort et les gagnants n’ont que des vertus. J’admire votre souplesse dialectique et votre instinct de survie. Mais ce n’est pas ainsi que je conçois l’action politique qui, à mon sens doit s’inscrire dans la fidélité aux engagements pris devant les électeurs.
Avec mes regrets pour la mise au point à laquelle l’indécence de vos accusations m’a contraint, je vous prie d’agréer, Madame la députée, l’expression de ma considération distinguée.
Gaston FLOSSE
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