Le président du Tahoeraa Huiraatira, Gaston Flosse a répondu le vendredi 08 décembre à l’invitation de la fédération spécifique des socioprofessionnels du mouvement, présidé par Teva Rohfritsch.
Plus de deux cent cinquante personnes étaient réunis à l’hôtel Radisson Plazza.Un diner-débat, en plein cœur des questions d’actualités politiques a été l’occasion pour les cadres du Tahoeraa Huiraatira de commenter le budget 2007 présenté à l’Assemblée de Polynésie française et de condamner les propos racistes et xénophobes tenus par l’un des représentants de l’UPLD.
Lire l'intégralité de l'allocution prononcée par le président sénateur Gaston Flosse.
Chers amis,
Merci de votre accueil, merci surtout de votre engagement dans la Fédération des Socio-Professionnels du Tahoeraa Huiraatira. Je remercie et félicite particulièrement votre président Teva Rohfritch. Après avoir été, trop brièvement hélas, un brillant ministre, Teva a repris sa vie professionnelle, à la tête d'une filiale de la Socredo.
Comme vous, il participe à la vie économique de la Polynésie française. Comme vous, il accepte de consacrer une part de son temps libre à militer pour que notre pays retrouve la voie du progrès économique, de la solidarité sociale, de la tolérance et de l'harmonie entre tous ses citoyens. Comme vous, il veut que la Polynésie reste autonome au sein de la République française. Comme vous, Teva est convaincu que le Tahoeraa Huiraatira est le Mouvement le plus clairement et le plus constamment engagé au service de cet idéal. Et vous avez raison. Plus que jamais notre Mouvement porte l'espoir d'un meilleur avenir pour la Polynésie française.
Oui, malgré les revers qu'il a subis, et les campagnes de dénigrement dont il a fait l'objet, le Tahoeraa Huiraatira est le pivot indispensable de toute plateforme autonomiste et de tout rassemblement durable de la population sur un programme clair et réaliste.
Ce rassemblement de tous les autonomistes est aujourd'hui une nécessité. Est-il utile que je dresse devant vous un tableau de la dégradation de la situation économique et sociale de notre pays ?
Je crois que vous en savez autant que moi sur ce point. Pendant deux ans Jacqui Drollet a trafiqué les statistiques pour prétendre, avec la vanité arrogante qui le caractérise, que l'économie était prospère, que l'inflation était maîtrisée et que tous les indicateurs étaient au vert. La presse a longtemps soutenu sa propagande. Aujourd'hui plus personne n'y croit. Tout le monde sait que les prix augmentent, que le pouvoir d'achat baisse, que les entrepreneurs ont perdu confiance et refusent d'embaucher ou d'investir.
Armelle Merceron vous a expliqué à quel point le budget que vient de voter l'UPLD était irréaliste, incohérent, clientéliste et faussement équilibré au prix de tricheries massives. Contrairement aux vantardises de Jacqui Drollet, tous les indicateurs sont au rouge vif et tous les observateurs lucides entendent hurler les sirènes d'alarme. Notre malheureux pays est un bâteau désemparé, secoué par la tempête et qui fonce droit sur le récif. Le capitaine, perdu dans ses rêves d'un pays imaginaire, reste enfermé dans sa cabine et n'en sort que pour insulter l'équipage. Son second, perdu dans l'immense admiration qu'il se porte à lui-même, nous dirige vers le naufrage en chantant ses propres louanges.
Sans revenir sur les détails du budget, je soulignerai pour ma part un seul point : l'accroissement vertigineux de la dette. C'est, à mes yeux, la faute la plus grave de ce budget qui en compte tant. C'est surtout la mesure la plus irresponsable et la plus lourde de conséquences. Nous pourrions corriger rapidement la plupart des trucages, des abus et des impasses de ce chef d'œuvre de nullité budgétaire. Mais si des emprunts sont contractés et gaspillés en mesures électoralistes, nous n'aurons pas d'autre possibilité que de les rembourser.
En treize ans, de 1991 à 2004, mon gouvernement avait emprunté en moyenne moins de 10 milliards par an. En deux ans, Oscar Temaru et Jacqui Drollet ont emprunté plus de vingt milliards par an. Et ils en sont déjà à 24 milliards pour le budget primitif 2007. La dette totale de la Polynésie française était de 60 milliards en 2004. Elle s'élève aujourd'hui à 108 milliards. Où en serons nous à la fin de l'année 2007 ? Où en serons nous en 2009 ? Au minimum 150 milliards, peut-être 200 milliards. Comment ferons nous pour rembourser si nous gagnons les élections de 2009 ?
La dégradation de notre situation économique m'inquiète vivement, mais ce n'est pas le pire. Je crois que ce qui est désormais en question c'est l'existence même de la Polynésie française dont Oscar Temaru veut la mort pour la remplacer par un nouvel Etat fondé sur l'appartenance ethnique et le repli sur la langue et la culture maohi. Les acrobaties de Jacqui Drollet pour traduire en reo Tahiti les concepts les plus techniques du budget ont pu faire sourire beaucoup de gens. Mais il n'y a vraiment pas de quoi plaisanter. L'objectif est bien de franchir une étape nouvelle et particulièrement décisive vers l'indépendance. L'objectif est bien de rejeter la France et tout ce qui est français. Jacqui Drollet s'en est pris à notre langue nationale qui est justement, depuis des siècles, le lien le plus solide entre tous les citoyens d'une nation qui n'a jamais eu d'unité ethnique. Plus brutalement Oscar Temaru et Ruben Teremake ont mis directement en cause la présence physique des Français métropolitains sur une terre qui n'appartient, selon eux qu'aux maohi.
La méthode est différente, mais l'objectif est bien le même : susciter la division entre les Polynésiens en fonction de leurs origines ethniques, exclure de la vie politique d'abord, chasser physiquement ensuite, tous ceux qui ne maîtrisent pas le reo Tahiti. Après l'épuration ethnique, l'indépendance deviendra une évidence. C'est vers ce destin qu'Oscar Temaru veut nous entraîner depuis le début. Et, malgré quelques mensonges de circonstance pendant les campagnes électorales, il ne l'a pas vraiment caché. Beaucoup de Polynésiens, y compris parmi ceux qui sont d'origine métropolitaine, n'ont pas voulu croire à la réalité et surtout à la proximité du danger. J'espère qu'aujourd'hui ils ont tous ouvert les yeux. Quand Oscar Temaru déclare dans un forum international qu'il vise l'indépendance avant 2010, croyez le, pour une fois il dit ce qu'il pense vraiment.
Oui, ce pays que nous aimons tant, la Polynésie française, est en danger de mort. Alors, qu'allons nous faire ?
Nous avons longtemps considéré qu'une motion de censure n'était pas opportune. Celle que nous avions votée en 2004 avait été mal comprise et mal acceptée par l'opinion publique. Nous avions décidé d'attendre les prochaines élections en pensant que les Polynésiens auraient ainsi le temps de comprendre vraiment qui était Oscar Temaru.
Nous restons persuadés que, si nous attendions 2009, nous remporterions une victoire facile et complète. Mais pouvons nous laisser le pays s'enfoncer dans le marasme économique et dériver vers le racisme et l'indépendance par calcul électoral. Jouer le pourrissement de la situation n'est pas digne du Tahoeraa Huiraatira. Lorsque les îliens ont pris contact avec nous au début du mois de novembre, nous avons décidé, malgré les risques que cela comporte, d'essayer de renverser Oscar Temaru le plus vite possible. Et la seule façon légale d'atteindre rapidement cet objectif, vous le savez, c'est le dépôt d'une motion de censure. Des élections anticipées seraient peut-être préférables et mieux acceptées par la population, mais nous n'avons pas le pouvoir d'en décider. Et le gouvernement central a bien fait savoir qu'il refusait toute hypothèse de dissolution, de révision du mode de scrutin ou d'élections anticipées avant les élections législatives. A court terme la motion de censure est donc la seule alternative au pouvoir d'Oscar Temaru.
Vous savez tous que, depuis plus d'un mois, les élus autonomistes se rencontrent pour tenter de bâtir une plateforme qui les rassemblerait autour d'un nouveau gouvernement soutenu par une majorité stable. Vous savez également que ce projet n'a pas encore abouti. Vous avez même probablement entendu des rumeurs me mettant en cause pour expliquer l'échec ou le retard de la motion de censure qui renverserait Oscar Temaru.
Je vais dissiper tout malentendu sur ces points.
Le Tahoeraa Huraatira participe aux négociations destinées à préparer un accord qui permettrait de renverser Oscar Temaru et de former un nouveau gouvernement.
C'est bien Gaston Tong sang qui représente le Tahoeraa dans ces négociations et c'est Gaston Tong sang qui sera notre candidat à la présidence de la Polynésie française si la motion de censure est votée.
Le choix de Gaston Tong Sang comme négociateur et futur président nous a été imposé par les îliens qui ont formellement exclu Edouard Fritch et moi-même des négociations et du futur gouvernement. J'ai jugé et je continue à juger cette exigence abusive mais je l'ai acceptée parce que je pense que c'est l'intérêt du pays. Et j'ai été le premier à appeler Gaston pour lui demander d'accepter.
J'ai déjà signé, ainsi qu'Edouard Fritch et tous les élus du Tahoeraa, le texte de la motion de censure et nous l'avons remis depuis environ 15 jours à Gaston Tong Sang.
Si la motion de censure n'a pas encore été déposée c'est parce que tous les partenaires de la plateforme souhaitent aboutir à un accord clair et complet qui garantisse la stabilité de la future majorité jusqu'en 2009, malgré les nombreuses échéances électorales susceptibles de nous diviser.
L'accord n'a pas encore été finalisé. Mais les négociations semblent en bonne voie et peuvent aboutir très rapidement. Rien n'est encore certain, mais le renversement d'Oscar Temaru est possible avant la fin de cette année.
Si nous y parvenons, je crois que ce sera un soulagement pour tous ceux qui sont attachés à la Polynésie française. Mais l'héritage sera terriblement lourd. Le nouveau gouvernement devra faire preuve, très vite, de compétence et de courage. Il devra, très vite, prendre des mesures visibles et significatives pour réduire le train de vie du gouvernement, augmenter le pouvoir d'achat des Polynésiens en luttant contre la vie chère, restaurer le partenariat avec l'Etat, réduire l'endettement et rendre confiance aux investisseurs.
Ce nouveau gouvernement, qui rassemblera tous les partenaires de la plateforme autonomiste, pourra compter sur le soutien des élus du Tahoeraa. Il aura également besoin du soutien de tous nos militants et sympathisants. J'espère que vous serez nombreux à vous mobiliser pour nous aider à redresser notre pays et à rétablir la confiance, la solidarité et l'harmonie entre tous les Polynésiens.
Nous aurons besoin de votre engagement, comme nous en aurons encore besoin pour gagner les présidentielles, les législatives et les municipales.
N'oublions pas que la motion de censure n'est qu'un remède d'urgence, une mesure de sauvegarde des intérêts vitaux du pays. La véritable sortie de la crise ne pourra venir que d'un vote clair et massif des électeurs en faveur des autonomistes et, je l'espère, du Tahoeraa Huiraatira. C'est pour cette échéance décisive que nous devons surtout nous mobiliser.
Alors, Teva, et vous tous, chers amis, nous comptons sur vous.
Merci à tous pour votre présence et pour votre engagement à nos côtés.
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