Le mouvement des jeunes du Tahoeraa Huiraatira présidé par Tearii Alpha ministre de l’Education accueillait, le samedi 24 mars 2007, les responsables du Tahoera’a huiraatira dans la salle omnisport de la maison des jeunes de Pirae afin de soutenir la candidature de Nicolas Sarkozy.
Le sénateur Gaston Flosse, le président du pays Gaston Tong Sang, Edouard Fritch maire de Pirae, et Armelle Merceron ministre des Finances étaient présents à la réunion publique. Le président du mouvement a salué les jeunes du Tahoeraa en les remerciant de leur fidélité.
De plus il a rappelé que « La Polynésie est un pays jeune et que le Tahoeraa doit intégrer les préoccupations des jeunes dans son programme. Et qu’il doit aussi intégrer des jeunes dans ses instances dirigeantes »
Lire l'intégralité de l'allocution prononcée par le président sénateur Gaston Flosse.
Discours de Monsieur Gaston FLOSSE,
Président du Tahoeraa Huiraatira,
Sénateur de la Polynésie française
Chers amis,
Merci de votre accueil, merci de votre présence ce matin, merci de votre fidélité au Tahoeraa Huiraatira. Je sais que votre fédération a connu des moments difficiles et même déstabilisants, avec le départ des premiers leaders des Jeun'Orange. Je sais aussi que notre défaite et la perte du pouvoir ne facilitaient pas la mobilisation.
Je suis d'autant plus reconnaissant à tous ceux d'entre vous qui, avec Tearii Alpha, sont restés fidèles au Tahoeraa Huiraatira et à ses valeurs. Aujourd'hui les autonomistes dirigent à nouveau le pays et votre Président est membre du gouvernement. Je crois que les conditions sont à nouveau réunies pour que votre fédération retrouve son dynamisme et sa capacité à attirer beaucoup de jeunes Polynésiens qui ne sont pas encore engagés en politique.
Le Tahoeraa Huiraatira ne peut rester le mouvement politique le plus important de Polynésie française que s'il est capable de représenter l'ensemble de notre société. La Polynésie est un pays jeune et le Tahoeraa doit intégrer les préoccupations des jeunes dans son programme. Il doit aussi intégrer des jeunes dans ses instances dirigeantes. C'est ce que j'ai toujours fait. A chaque élection j'ai offert des places éligibles à des jeunes et j'ai toujours eu quelques ministres qui avaient moins de trente ans.
Evidemment, certains ont pris de l'âge depuis, comme Gaston Tong Sang, Edouard Fritch ou Michel Buillard, mais ils étaient déjà Ministres il y a 25 ans. D'autres nous ont quittés et c'est pour moi une déception car je leur avais fait confiance. Peut-être leur ai-je donné trop vite trop de responsabilités qui leur sont montées à la tête ? C'est possible, mais je ne regrette rien et je continuerai à faire confiance aux jeunes et à leur donner toute leur place au sein du Tahoeraa et au sein du gouvernement si j'en ai la possibilité.
Si certains ont trahi leurs engagements par ambition personnelle, cela ne doit pas porter tort aux autres jeunes.
Je saisis cependant cette occasion pour attirer votre attention sur l'importance de la loyauté et de la fidélité en politique. Si l'on veut réussir sur le long terme, il y a quelques règles qui s'imposent.
La première est de ne jamais trahir le mandat confié par les électeurs.
J'entends souvent dire que l'instabilité politique qui paralyse notre pays depuis 2004 est due à la prime majoritaire. C'est une explication stupide, et surtout hypocrite, qui cache la vraie responsabilité, celle des hommes et des femmes qui ont trahi leur mandat et leurs électeurs.
Vous vous souvenez des résultats du scrutin de 2004. La population avait élu 28 représentants Tahoeraa, 27 représentants UPLD, Philip Schyle du Fetia Api et Nicole Bouteau de No oe e te Nunaa.
Si le vote des électeurs avait été respecté, nous aurions eu dès le départ une alliance des 30 représentants autonomistes et notre pays serait gouverné depuis deux ans et demi par des autonomistes, conformément aux vœux de la population, par un gouvernement essentiellement Tahoeraa qui aurait poursuivi l'action de développement économique et de progrès social que nous conduisions depuis 1991. Nous n'aurions connu ni la motion de censure d'octobre 2004, ni les élections de février 2005, ni le marasme économique et les menaces sur l'autonomie.
C'est Nicole Bouteau et Philip Schyle qui sont responsables de cette situation. Ces soi-disant autonomistes ont voté pour l'indépendantiste Oscar Temaru. Ne l'oubliez jamais !
Pour éviter toutes ces catastrophes il aurait suffi que Nicole Bouteau, ancienne élue Tahoeraa, ancienne présidente des Jeun'Orange, ancienne Ministre Tahoeraa, s'abstienne de voter le 13 juin 2004. Nous n'avions même pas besoin de sa voix. Il suffisait qu'elle ne vote pas pour Oscar Temaru. Elle savait pourtant que son électorat était contre le Tavini et l'indépendance. Mais son désir de vengeance contre le Tahoeraa et moi a été le plus fort.
Elle a complètement oublié l'intérêt du pays et les préférences de ses électeurs, elle a donné à Oscar Temaru la voix décisive qui nous a conduits où nous sommes aujourd'hui.
Et l'exemple de la trahison a été malheureusement très contagieux.
Est-il acceptable qu'un Jean-Alain Frebault trahisse le Tahoeraa pour le Tavini en juin 2004, puis trahisse le Tavini pour le Tahoeraa en octobre 2004, puis trahisse le Tahoeraa pour le Tavini en mars 2005, puis trahisse le Tavini pour la plate forme autonomiste en décembre 2006 ? Entre temps il en a profité pour mener la grande vie aux frais des Polynésiens, pour faire donner un ministère à son frère et des avantages financiers à sa famille. Il a été tellement goinfre que le Conseil d'Etat va probablement prononcer sa déchéance dans quelques jours. Est-ce ainsi que vous concevez la politique ?
Nous souhaitons du fond du cœur que le plus grand nombre possible de jeunes adhère au Tahoeraa Huiraatira. Si je vous ai parlé de Nicole Bouteau, de Jean-Alain Frébault, c'est pour vous dire tout net : si votre modèle en politique est Jean-Alain Frébault, ou Nicole Bouteau, je préfère que vous alliez vous inscrire directement dans un autre parti. Votre place n'est pas au Tahoeraa.
L'ambition politique est légitime, mais elle doit s'exercer dans le respect des engagements et de la parole donnée. Vous avez librement choisi d'adhérer au Tahoeraa Huiraatira.
Cela signifie que vous partagez nos valeurs, que vous approuvez notre programme et que vous respectez les décisions de nos instances dirigeantes : le Grand Conseil et le Bureau Exécutif.
Notre parti vit des moments difficiles et nous devons être plus que jamais unis et mobilisés.
Nous avons remporté une grande victoire le 13 décembre en renversant Oscar Temaru et en portant un élu du Tahoeraa Huiraatira à la présidence de la Polynésie française le 26 décembre.
Quelles que soient les difficultés qui nous attendent, la situation de la Polynésie française sera bien meilleure que si nous avions laissé le Tavini continuer à ruiner notre pays pour favoriser son accès à l'indépendance.
La victoire des autonomistes a permis d'écarter le danger le plus grave et le plus immédiat. Mais elle ne résout pas tous les problèmes du présent et de l'avenir. Le maintien de la Polynésie au sein de la République française et le rétablissement d'un partenariat confiant avec l'Etat sont des conditions nécessaires à la sécurité et au développement de notre pays.
Mais ce ne sont pas des conditions suffisantes. Nous ne pouvons pas tout attendre de la solidarité nationale. Il nous appartient de conduire une politique active, cohérente, ambitieuse et courageuse pour assainir nos finances, relancer notre économie, créer des emplois, construire des logements, réduire le coût de la vie et renforcer la solidarité sociale.
Vous êtes bien placés pour savoir que les jeunes ont du mal à trouver un emploi et un logement pour démarrer dans la vie et pouvoir fonder une famille.
Le Taui n'a rien fait pour les jeunes, il ne s'intéressait qu'à l'indépendance. Pour créer des emplois et construire des logements il faut une économie prospère. Le Taui était incapable de développer notre économie. Il nous a conduit vers la récession et l'inflation.
Il faut aujourd'hui retrouver le chemin de la croissance économique. Y sommes-nous prêts ? Les conditions sont-elles réunies ? Je n'en suis pas totalement convaincu.
La volonté du Président Tong Sang n'est pas en cause. Il partage entièrement nos valeurs et nos objectifs.
Il peut également s'appuyer sur les six ministres Tahoeraa qui travaillent avec compétence et rigueur au service du pays. Votre Président, Tearii Alpha, est l'un d'eux et il a la charge d'un ministère particulièrement important pour les jeunes. Mais il y a huit autres Ministres, titulaires de portefeuilles importants, qui n'ont pas exactement les mêmes priorités. Pardonnez moi… j'étais entrain d'utiliser la langue de bois.
Appelons les choses par leur nom : il y a des Ministres, qu'on appelle " les îliens ", dont la priorité est d'obtenir le maximum d'avantages personnels et d'assurer leur propre avenir politique en achetant leurs électeurs avec l'argent des contribuables.
Ces îliens ont permis à Oscar Temaru de se maintenir au pouvoir pendant 8 mois alors qu'il aurait dû perdre la majorité en avril 2006, lorsque le Aia Api a quitté l'UPLD. Ils ont été malheureusement indispensables pour renverser le gouvernement indépendantiste en décembre.
Ils empêchent le gouvernement du Président Tong Sang de consacrer toute son énergie et de mobiliser les moyens nécessaires pour relancer l'économie et prendre les mesures sociales les plus urgentes.
La population a massivement approuvé Le Tahoeraa pour le renversement d'Oscar Temaru et l'élection de Gaston Tong Sang.
Elle accorde son soutien au gouvernement et à la majorité autonomiste. Mais elle attend évidemment des actes concrets pour améliorer la situation. Que doit faire le Tahoeraa Huiraatira dans de telles circonstances ?
Je crois que nous devons rester fermement fidèles aux valeurs de notre Mouvement. Nous ne devons pas accepter de chantage ou de compromission pour conserver quelques portefeuilles ministériels. Nous sommes de très loin le groupe le plus nombreux de la majorité autonomiste. Nous représentons plus d'électeurs que n'importe quel parti, y compris l'UPLD.
Les îliens avaient été élus sur des listes Tahoeraa et depuis qu'ils nous ont trahis ils ne représentent plus qu'eux-mêmes.
Les Polynésiens ne supportent plus la corruption et le chantage des îliens. Ils veulent que le Président Tong Sang gouverne dans l'intérêt à long terme du pays, comme l'a toujours fait le Tahoeraa.
Notre devoir est de peser de tout notre poids pour que le gouvernement agisse conformément à nos valeurs. Nous ferons notre devoir.
***
Les turbulences de la vie politique locale ne doivent pas nous faire oublier que l'avenir de la Polynésie dépend aussi de l'avenir de notre nation. Les élections présidentielles et législatives sont très importantes pour nous.
Comme vous le savez, le Tahoeraa Huiraatira fait partie de l'UMP et il fait campagne pour notre candidat, Nicolas Sarkozy. C'est le seul qui assumera l'héritage de Jacques Chirac, le seul qui nous garantira la pérennité des engagements de la France, le seul qui respectera notre autonomie sans nous pousser vers l'indépendance. La victoire de Ségolène Royal serait une sévère défaite pour tous les autonomistes. Ne vous laissez pas tromper par les démentis du parti socialiste.
Oscar Temaru a toujours refusé de soutenir un candidat aux élections présidentielles car il considère la France comme un pays étranger. S'il accepte aujourd'hui de mener une campagne active en faveur de Ségolène Royal c'est bien parce qu'elle s'est formellement engagée à signer les accords de Tahiti Nui préparés par le Tavini pour amorcer le processus d'accession de la Polynésie à l'indépendance.
Une victoire de Ségolène Royal remettrait systématiquement en cause tout l'héritage de Jacques Chirac, y compris les 18 milliards de la DGDE. Elle veut nous aligner complètement sur la métropole. Elle veut supprimer tous nos avantages, tel que l'indexation des fonctionnaires, et nous contraindre à établir l'impôt sur le revenu. Elle n'a jamais rien compris à l'Outre-mer et elle s'imagine que nous ne pouvons nous développer qu'en renonçant à toutes nos spécificités et en reniant notre identité.
Lorsque le Président de la République sera élu, la campagne ne sera pas terminée. Pour agir, Nicolas Sarkozy, car je suis convaincu de sa victoire, aura besoin d'une majorité pour gouverner. La Polynésie française doit lui apporter deux députés UMP, comme nous l'avons fait en 2002 pour Jacques Chirac.
Je sais que vous êtes conscients des enjeux des élections nationales et que vous allez tous voter au mieux des intérêts de la France et de la Polynésie, c'est-à-dire pour Nicolas Sarkozy à la présidentielle et pour les candidats présentés par le Tahoeraa Huiraatira aux législatives.
Mais j'attends beaucoup plus de vous. Vous êtes membres d'une fédération du Tahoeraa Huiraatira. Vous êtes, comme nous tous, des militants. J'ai besoin de vous, non seulement pour apporter vos propres voix, mais aussi pour faire campagne et convaincre vos amis, vos collègues et vos voisins de voter pour les candidats que nous soutenons.
Je sais que nous pouvons compter sur vous et je vous en remercie. J'aimerais vous promettre qu'après ces deux campagnes vous pourrez souffler un peu. Malheureusement je n'en suis pas certain. Personne ne peut aujourd'hui écarter l'hypothèse d'une dissolution de l'Assemblée réclamée par le Tavini, Philip Schyle, Nicole Bouteau et souhaitée par une forte majorité de la population. Le Tahoeraa Huiraatira n'a pas, à ce jour, demandé des élections anticipées. Mais nous devons être prêts à nous mobiliser très rapidement si la situation l'exige. Et, si c'est le cas, j'aurai plus que jamais besoin de votre soutien. Je vous en remercie par avance.
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