Si je vous adresse ces quelques lignes c’est que votre opinion m’importe. C’est pourquoi je voudrais vous exposer les raisons de ma candidature à l’Assemblée de la Polynésie française sur la liste du Tahoera’a Huiraatira.
Je voudrais tout d’abord poser un préalable. Je suis très attachée au principe du droit fondamental des peuples à l’auto-détermination. Toutefois, je ne crois pas que le droit à l’autodétermination doive obligatoirement déboucher sur l’indépendance. En effet, cette notion d’indépendance, liée à celle d’identité nationale, d’état-nation, de démocratie représentative est en train d’être relativisée dans la philosophie politique. Faut-il en faire un horizon incontournable ou bien une solution parmi d’autres pour l’avenir de la Polynésie ? J’aurais tendance à adhérer à la deuxième proposition. Dès lors, l’autonomie est pour moi une véritable alternative à l’indépendance et tout retour en arrière quant à la possibilité pour les Polynésiens de se gouverner librement et démocratiquement me paraît un très mauvais pari. Autrement dit toute départementalisation larvée serait pour moi une grave atteinte à la dignité du peuple polynésien et de son droit à l’autodétermination....
Ce préalable posé je ne m’attarderai pas sur le bilan à mes yeux très positif de la gestion du Pays par le Tahoera’a. Avancées statutaires, institutionnelles, économiques, sociales ont été menées de front pour plus d’autonomie. Le résultat est un des PIB par habitant les plus élevés du Pacifique pour un Pays sans beaucoup de ressources propres, un niveau d’éducation et de qualification très enviables. Cependant je ne méconnais pas les inconvénients d’un assistanat important de la part de la métropole ni d’un dirigisme poussé de la part des gouvernants polynésiens.
Ceci dit pourquoi choisir le Tahoera’a à la place de partis plus jeunes ? Eh bien d’abord parce que l’heure est grave et qu’il me semblerait dramatique de maintenir une instabilité ou un temps d’apprentissage sur le tas assez long pour un nouveau personnel politique. Mais une raison m’est plus personnelle. J’adhère pleinement à la vieille idéologie républicaine qui consiste à faire confiance au peuple et à croire que les élites doivent être modestes quant à leur capacité à savoir ce qui est bien pour celui-ci. Aussi ne me viendrait-il pas à l’esprit d’adhérer à l’action politique d’un parti qui n’a pas de base populaire. Il est vrai que mon âge et la gravité de la situation actuelle ne me permet pas d’adhérer à une action de fond et de terrain pour gagner peu à peu une base à de nouvelles idées. J’admire pourtant ceux qui choisissent une telle perspective qui demande patience et humilité. Mais je juge préférable de choisir un des deux seuls partis politiques jouissant de cette base populaire dans le Pays. Les réunions électorales auxquelles j’assiste me confortent dans ce choix.
Enfin, je voudrais dire à quel point je suis sensible à la fermeté avec laquelle le Tahoera’a et ses leaders restent attachés à une société pluriethnique, ouverte aux autres, bien que fermement enracinée dans l’héritage culturel polynésien. Non seulement ils affirment ceci très clairement dans les statuts du parti mais de plus le Tahoera’a est le seul parti qui a ouvert assez largement ses listes à des Popa’a comme le docteur Jacques Raynal et moi, ainsi qu’ aux membres de toutes les ethnies du Pays. Ce n’est pas le choix de la facilité, même si cela me semble un signe réel et incontestable d’attachement aux valeurs démocratiques ainsi qu’aux liens tissés au fil d’une histoire commune avec la métropole. Cette métropole n’a pas toujours été exemplaire certes, mais c’est justement donner une leçon de hauteur de vue que de dépasser la révolte légitime qui pourrait être celle des Polynésiens pour se préoccuper avant tout de construire un présent fraternel, paisible et prospère en exigeant le respect réciproque.
Voilà donc mes raisons d’être candidate sur la liste Tahoera’a pour l’élection des représentants à l’Assemblée de la Polynésie française. Elles n’engagent que moi mais je vous les propose comme une modeste contribution au débat politique.
Sylvie ANDRE
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