A l’occasion du débat sur le budget à l’Assemblée de Polynésie, le Président Gaston Flosse, a prononcé un discours qui développe et précise les grandes lignes de l’action du nouveau gouvernement.
Un budget de relance, à forte connotation sociale, qui fait de la lutte contre la vie chère, et de la défense des populations les plus démunies et les plus isolées, ses priorités.
Tout en réaffirmant que « la majorité était solide », le Président Gaston Flosse a déclaré devant l’Assemblée de Polynésie qu’il fallait garantir « enfin le retour à la stabilité, condition indispensable pour remettre le Pays au travail » et que dans cet esprit, la nouvelle majorité avait retenu notamment de « réduire la fracture sociale, de relancer le processus de développement durable de l’économie du Pays dans le respect de la culture polynésienne » et de reprendre « les grands travaux, créateurs d’emploi. »
Le débat sur le budget doit se poursuivre aujourd’hui et demain. La majorité souhaite le vote du budget avant la fin de la semaine.
Un collectif budgétaire complémentaire est prévu pour Mai.
Retrouvez l'intégralité du discours du Président Sénateur Gaston Flosse
Allocution de Monsieur Gaston FLOSSE
Président Sénateur de la Polynésie française
à l’occasion du vote du budget 2008
Mercredi 19 mars 2008
Assemblée de la Polynésie française
Monsieur le Président de l’Assemblée de la Polynésie française,
Monsieur le Vice-président,
Mesdames et messieurs les ministres du gouvernement de la Polynésie française,
Monsieur le Président de la commission permanente,
Mesdames et messieurs les représentants de l’Assemblée de la Polynésie française,
Le deuxième tour des élections municipales vient de s’achever.
Quels que soient les choix exprimés, et bien que nous ayons voté 8 fois en un an, la participation massive du peuple polynésien démontre l’ancrage de la démocratie dans notre Pays.
Je veux féliciter les nouveaux élus et les encourager dans leurs nouvelles missions au service de leurs populations.
Je serai à leur écoute et toujours disponible dans l’intérêt de notre peuple.
Le vice-président, en charge du développement des communes et de la politique de la ville est leur interlocuteur privilégié mais les autres ministres restent également à leur disposition en tant que de besoin selon leurs domaines de compétences.
Nous tirons de ces élections, la confirmation que l’alliance UPLD et Tahoeraa Huiraatira est largement majoritaire.
Dans les seules îles du vent, la majorité a obtenu plus de 50 000 voix contre à peine 30 000 pour l’opposition.
Ce résultat conforte l’alliance et démontre que la majorité de la population nous fait confiance.
La majorité est solide, l’accord de partenariat entre l’UPLD et le Tahoeraa Huiraatira est conclu. Le programme de gouvernement est prêt. Il sera rendu public la semaine prochaine.
Tout cela garantit enfin le retour à la stabilité, condition indispensable pour remettre le Pays au travail.
Dans cet esprit, la nouvelle majorité a retenu notamment les objectifs suivants :
-assurer la stabilité politique et institutionnelle,
-réduire la fracture sociale,
-relancer le processus de développement durable de l’économie du Pays dans le respect de la culture polynésienne,
- relancer les grands travaux, créateurs d’emploi.
Dans les semaines qui vont suivre, des actions seront mises en place par mon gouvernement pour déterminer les modalités de réalisation de ces grands axes. L’UPLD et le Tahoeraa Huiraatira, rassemblés au sein de l’UDSP - l’Union pour le Développement, la Stabilité et la Paix, se sont engagés à travailler dans un partenariat sincère, confiant et loyal pour mettre en œuvre ce programme.
Aujourd’hui, il convient de vous présenter un projet de budget que je qualifierai de technique, en considération des délais qui nous sont impartis, pour son adoption, au regard de notre Loi organique avec la date butoir du 31 mars 2008.
L’urgence est d’assurer la continuité du service public et d’autoriser le déroulement normal de tous les programmes en cours, qu’il s’agisse de la perception des recettes, du paiement des dépenses, en fonctionnement comme en investissement.
Ce premier projet de budget reprend l’ossature de celui que le gouvernement précédent avait soumis à la sanction de votre Assemblée, sans que celle-ci n’ait pu se prononcer, préférant laisser à la nouvelle assemblée, forte de sa légitimité renouvelée, le soin d’opérer les meilleurs choix pour l’avenir.
Toutefois, 42 amendements d’initiative gouvernementale ont été adoptés par la Commission des finances de l’Assemblée pour répondre :
-d’une part, à l’essentiel des interrogations qui animaient alors nos débats fin 2007
-et d’autre part, pour actualiser l’ensemble des lignes budgétaires au regard de l’exécution du budget 2007, désormais connue, et de l’exécution partielle du budget 2008 pour les mois de janvier et février écoulés.
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Le présent projet de budget pour l’exercice 2008 s’établit à 161,291 milliards de francs CFP, se ventilant de la manière suivante :
- en section de fonctionnement : 131.973.051.492 francs CFP,
- en section d’investissement : 29.318.846.996 francs CFP,
En termes réels, les recettes de fonctionnement s’élèvent à 117 milliards de francs CFP dont 90% proviennent des recettes fiscales et environ 10% de recettes non fiscales telles que les produits financiers, les produits du domaine, les dotations…
Sans détailler nos ressources fiscales, sachez qu’elles s’élèvent à 112 milliards de francs CFP et reposent pour 80 milliards, soit 70% sur les impôts et taxes indirects.
La justice sociale est au centre de notre réflexion : la fiscalité indirecte est allégée, voire nulle pour les produits de consommation courante, dont les Produits de Première Nécessité, et ce afin de ne pas peser sur les revenus modestes.
Les impôts et taxes directs s’élèvent, quant à eux, à 32 milliards de francs CFP, soit 35,7 % du volume de nos ressources fiscales, dont 8 milliards prélevés au titre de la CST sur l’ensemble des salaires.
La CST qui date de 1995 sera réactualisée et corrigée.
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Pour revenir à ce projet de budget 2008, je souhaiterais attirer votre attention sur trois secteurs qui totalisent à eux seuls 88,5 milliards, soit 70% des dépenses réelles.
Le premier concerne celui des « subventions et des participations » qui s’élève à 46,5 milliards soit près de 35% de nos crédits de fonctionnement, qui sont répartis de la manière suivante :
- le F.I.P. au bénéfice de nos communes : pour 17,1 milliards.
Actuellement le taux de prélèvement du Fonds intercommunal de péréquation, le FIP est de 17 %.
- les régimes de protection sociale : pour 13 milliards.
- les dotations pour le compte de l’Assemblée et du Conseil économique, social et culturel qui s’élèvent à 2,6 milliards.
- le FRPH, fonds de régulation des prix des hydrocarbures qui nécessite une inscription de 1,2 milliard, pour permettre de maintenir ce fonds en équilibre.
La progression rapide du coût international du baril de pétrole évalué en « dollar américain » est fort heureusement, pour l’instant, partiellement compensée par la parité avantageuse de l’Euro par rapport au dollar.
Cependant, au vu de la situation économique internationale, j’engage le ministre chargé de l’économie à faire toutes propositions dans les meilleurs délais, pour anticiper autant que faire se peut, sur les conséquences de ces variations sur l’équilibre du FRPH.
- Pour les Sociétés d’Economie Mixte, au total 900 millions sont inscrits. Néanmoins, ce montant enregistre une baisse de 25% par rapport au budget 2007. Mais, il est impératif et urgent qu’un contrôle soit institué dans le souci d’une meilleure gestion de ces SEM.
Le second poste de dépenses est celui lié aux dépenses de personnel qui s’élèveront en 2008 à 31,5 milliards.
En valeur relative, par rapport aux recettes de couverture, elles restent dans des proportions encore raisonnables, puisqu’elles atteindront 25,4% des recettes en 2008, contre 25,66% en 2007.
Toutefois, il convient de veiller à ce que les dispositifs d’incitation au départ volontaire mis en place en 2007 soient suivis d’effets. Ainsi, dans le cadre de la présente délibération, il vous est proposé le gel d’un nombre important de postes.
Mon gouvernement veillera pour l’avenir à n’autoriser d’augmentation sur ce poste qu’à hauteur du « glissement vieillesse technicité ».
Le volant de postes disponibles sera utilisé pour répondre aux besoins les plus urgents des services de santé notamment ; nous veillerons particulièrement à ce que les populations les plus isolées ne soient pas privées de structures de soins.
En outre, pour préserver le pouvoir d’achat des Polynésiens et tendre rapidement vers une baisse des prix, nous avons demandé au ministre chargé de l’économie
- de mettre en place un observatoire des prix et des marges,
- d’élargir la liste des produits de première nécessité et de faire baisser le coût des services indispensables (électricité, téléphone, transports…),
- de favoriser la concurrence,
- de doubler le nombre de contrôleurs des prix.
Nous sommes en effet très préoccupés par la hausse rapide de certains prix, notamment dans le secteur alimentaire.
Des instructions seront données au ministre en charge de l’économie pour trouver des mécanismes, en concertation avec tous les acteurs économiques concernés y compris avec les représentants des consommateurs, afin de permettre, non seulement d’enrayer ces hausses, mais de parvenir à une baisse sensible.
Il convient que chacun mesure bien ma détermination dans ce domaine ainsi que celle de mon gouvernement. Chacun doit prendre sa part d’efforts pour préserver l’équilibre social dans notre fragile société insulaire.
Le dernier poste que nous souhaitons exposer est celui de la dette.
Son encours sera porté à 75 milliards en 2008 alors que son service absorbera 10,4 milliards répartis en 7,9 milliards pour le remboursement du capital et 2,5 milliards pour les intérêts.
A ce sujet, je souhaite souligner que la grave crise financière mondiale qui se profile, aura immanquablement un impact sur l’offre bancaire ; il se pourrait que l’ère des ressources financières à faible taux d’intérêt se termine. Le Pays devra donc limiter le recours à l’emprunt et rechercher, à l’avenir, à augmenter ses capacités d’autofinancement.
C’est-à-dire que des économies budgétaires seront inlassablement recherchées.
S’agissant du budget d’investissement, il s’élèvera en 2008 à 29,8 milliards, les crédits de paiement mis à la disposition du ministère de l’équipement s’élèvent à plus de 22 milliards de francs CFP.
En dépenses, hors dettes et écritures d’ordre, les autorisations de programme nouvelles s’élèveront à 17,9 milliards de Fcfp.
Compte tenu des reports de crédits de paiement sur exercices antérieurs, le volant financier dont disposera la Polynésie française en 2008, atteindra 52 milliards.
C’est dire que la commande publique irriguera largement l’ensemble du tissu économique. Des dispositions seront prises pour accélérer les procédures administratives afin que les consommations de crédits retrouvent un niveau plus compatible avec les pleines capacités d’activités des entreprises.
Nous mettrons, mon gouvernement et moi, tout notre poids pour que l’administration retrouve enthousiasme et dynamisme au service de la croissance économique.
C’est la condition de la relance économique : à l’accélération de la mise à disposition et de la consommation des crédits publics, doit correspondre l’augmentation des capacités d’activités des entreprises.
Nous comptons sur les chefs d’entreprises, quelque peu ébranlés dans leur confiance en notre Pays après quatre années d’instabilité politique, pour qu’ils mobilisent les capacités de leurs outils de travail et qu’ils opèrent sans tarder tous les recrutements utiles.
Le nouvel hôpital continuera en 2008 de consommer une part importante des crédits d’investissement et la mission « santé » mobilisera 9,46 milliards.
La maintenance et la construction de bâtiments scolaires ou de formation consommeront près de 2 milliards.
En matière d’environnement, les dépenses d’investissement liées à l’assainissement des eaux usées et à la gestion des déchets dépasseront le milliard de francs CFP.
En matière d’infrastructures routières, de réseaux et d’équipements structurants, les crédits de paiement inscrits sont de 4,8 milliards de francs CFP.
Le domaine de la construction, notamment celle de logements sociaux et les aides à l’habitat dispersé continuera d’alimenter le carnet de commande des entreprises de ce secteur à hauteur de plus de 5 milliards.
Ce projet de budget assure dans l’immédiat une transition.
Cette transition sera de courte durée, puisque le gouvernement et sa majorité ont déjà dégagé des priorités notamment dans le domaine social, dans celui de la relance économique et de la politique de l’emploi, qui figureront très lisiblement dans le tout prochain collectif budgétaire. Le ministre des finances en assurera la présentation au plus tard au mois de mai.
Je vous invite donc à voter sans réserve, en faveur du présent projet de budget.
Iaorana peretiteni Flosse
A la lecture du communique du Conseil des professionnels de l'hotellerie , je suis attriste de voir que notre tourisme, pilier de notre economie apres les transferts de l'Etat est toujours l'enfant delaisse de notre economie .
Serait-il possible que notre gouvernement puisse mettre en place un systeme financier pour sauvegarder les entreprises hotelieres , et je cite le communique ; ''sans compter ceux des archipels éloignés qui sont en faillite'' .
Une periode de grace aupres des banques sponsorisee par notre gouvernement pour leur eviter la faillite en attendant que des innovations pour vendre nos iles soient appliquees .Mauruuru.
Fa'a itoito
Réponse au post :
Rien ne vaut le constat des faits. Depuis notre reprise de dialogue entre l’UPLD et le Tahoeraa Huiraatira, jamais la paix et la sérénité n’ont autant régné dans notre pays. Il suffit de voir la manière dont se sont déroulées les élections présidentielles, législatives, territoriales et municipales, pour comprendre que nous n’avons pas assisté à des actes (ou des paroles) agressives, violentes et stériles. Désormais, nous n’avons qu’un objectif commun : conduire la Polynésie sur la voie du développement. Nous savons que nous n’avons pas de temps à perdre.
Rédigé par : Papapenu | 28 mars 2008 à 05:34