Le Président Sénateur Gaston Flosse a visité le lundi 7 avril 2008, le chantier du nouvel hôpital en compagnie de plusieurs ministres et de représentants à l’Assemblée de Polynésie française. A cette occasion, diverses personnalités se sont succédées à la tribune, dont le ministre de la Santé suivi du ministre de l’Equipement et du Président Sénateur Gaston Flosse.
Discours de Monsieur Gaston FLOSSE la Polynésie
Président Sénateur de
Prononcé à l’occasion de la visite du chantier du nouvel hôpital de la Polynésie française
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Lundi 7 avril 2008
Nous voici presque au terme d’un long parcours. Je ne crois pas exagérer en disant que ce fut vraiment un parcours du combattant.
Le Ministre de l’Equipement vous a exposé les aspects techniques de cette réalisation et vous avez pu prendre la mesure de sa complexité.
Le Ministre de la Santé
La polémique engagée il y a huit ans au sujet de l’ambition exagérée de ce projet était absurde et méprisante pour les Polynésiens qui ont droit à la même sécurité sanitaire que tous les citoyens français. Ce n’est possible que s’il existe à Tahiti un véritable hôpital de dernier recours, capable de traiter la plupart des cas graves et urgents. C’est cette évidence géographique qui a dicté les caractéristiques du projet et non la fantaisie des hommes politiques.
Sans revenir sur cette polémique périmée, je voudrais retracer brièvement les étapes les plus marquantes de cette longue aventure qui est un des plus beaux défis lancés et gagnés par la volonté politique des élus Polynésiens avec l’aide de la nation.
Le défi, il a commencé dès l’origine. Au moment où toutes les études étaient bouclées, où tout était prêt pour donner le premier coup de pioche, le Secrétaire d’Etat à l’outre-mer de l’époque, j’ai oublié depuis longtemps son nom, a décidé, pour des raisons purement politiciennes, de suspendre la participation de l’Etat. Nous nous sommes retrouvés dans une situation vraiment critique : renoncer à lancer les travaux, c’était condamner les Polynésiens à se priver encore longtemps d’une structure hospitalière moderne. C’était aussi un énorme gâchis de tous les efforts déjà accomplis. S’engager dans un projet aussi ambitieux sans l’aide de l’Etat, c’était prendre des risques considérables pour l’équilibre de notre budget.
Nous n’avons pas hésité longtemps. Le gouvernement, soutenu par l’Assemblée de la Polynésie
Le second défi est venu du groupement d’entreprises qui avait remporté l’appel d’offres. Nous avons rapidement compris qu’ils avaient sous-estimé les coûts et qu’ils étaient prêts à mettre en œuvre tous les moyens pour modifier le marché à leur avantage. Ils ont commencé à surévaluer systématiquement et lourdement toutes les modifications demandées par le maître d’ouvrage. En même temps ils ont cherché à diminuer les coûts de construction en faisant venir des ouvriers marocains et philippins, moins coûteux que la main d’œuvre locale. C’était une violation caractérisée des clauses du marché. Si nous n’acceptions pas, les responsables du groupement d’entreprises nous menaçaient d’interrompre complètement les travaux.
Nous avons refusé de céder au chantage et le chantier a été bloqué plusieurs mois. Le contentieux s’est terminé par une rupture du marché dans des conditions approuvées par le tribunal à Paris. Nous avions perdu du temps et il a fallu lancer de nouveaux appels d’offre, mais nous avons ainsi évité un accroissement trop élevé des coûts et nous avons considérablement renforcé la part des entreprises et de la main d’œuvre polynésienne dans la construction de l’hôpital.
Le troisième défi fut celui de l’alternance politique. Durant la campagne électorale de 2004, l’opposition avait, comme c’est généralement le cas dans toutes les démocraties, sévèrement critiqué les choix du gouvernement sortant. Le chantier de l’hôpital, en raison de son importance et des difficultés que je viens d’évoquer, était naturellement une cible privilégiée. On pouvait craindre une remise en cause totale du projet lorsque l’ancienne opposition a pris le pouvoir. Je tiens à saluer ici la lucidité et le courage du président Temaru qui a su dépasser rapidement les affrontements de la campagne électorale pour donner la priorité à l’intérêt de tous les Polynésiens en décidant de poursuivre le projet initié par ses prédécesseurs.
Il y a eu, par la suite, d’autres changements politiques, mais aucun n’a remis en cause la construction de l’hôpital. Ce chantier qui a été une pomme de discorde est devenu aujourd’hui un projet consensuel. Tous les élus de notre assemblée l’ont, à un moment ou à un autre, accepté et soutenu. Tous peuvent être fiers d’avoir surmonté tous les obstacles pour en arriver aujourd’hui à cette dernière étape de la construction.
Oui, nous voyons la ligne d’arrivée, mais nous ne sommes pas au bout des défis. Il y a, immédiatement, un quatrième défi à relever : il faut terminer la construction à la date prévue, en novembre 2008. C’est l’affaire du Ministre de l’Equipement et de ses collaborateurs, de l’Etablissement public des Grands Travaux et de toutes les entreprises, de tous les ingénieurs, techniciens et ouvriers qui consacrent toute leur énergie à l’achèvement des travaux. Je leur fais confiance et je suis convaincu qu’ils relèveront ce quatrième défi.
Le jour où nous procèderons à la réception de tous les bâtiments du nouveau centre hospitalier sera un jour de joie et de fierté pour les centaines de personnes qui, depuis huit ans, participent à la réalisation de ce projet.
Mais ce sera aussi le début du cinquième défi, qui sera certainement le plus difficile de tous. Ce jour là, de nouvelles équipes entreront en jeu : les personnels de santé. Ils devront mener à bien le transfert de Mamao au nouveau centre hospitalier, sans interrompre les soins dus aux malades. Ils devront s’adapter immédiatement à un nouvel environnement, à de nouveaux équipements. La tâche sera tout aussi redoutable pour les personnels chargés de la gestion et de la maintenance. Nous ne pourrons pas construire un hôpital moderne tous les dix ans. Celui-ci doit rester un outil performant au moins jusqu’à la moitié du siècle, et à un coût supportable par notre collectivité.
A l’Etat, représenté ici par Madame le haut commissaire, je voudrais dire merci, au nom de tous les Polynésiens, pour avoir apporté, par ses financements, une nouvelle démonstration de l’importance et de la permanence de la solidarité nationale.
A tous les gouvernements et tous les élus de la Polynésie
Je remercie et je félicite tous les chefs d’entreprise, tous les ingénieurs, techniciens et ouvriers qui ont su construire ce magnifique centre hospitalier, sans jamais se décourager devant les obstacles administratifs ou techniques.
J’adresse mes plus chaleureux encouragements à toutes celles et à tous ceux qui prendront en charge ces bâtiments pour en faire un outil efficace au service de tous.
Je souhaite enfin à toutes les familles polynésiennes qui chercheront ici le réconfort et la guérison de leur maux, d’y trouver un accueil rassurant et des soins du meilleur niveau.
Merci à tous pour votre attention.
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