Président de l'Union pour un Mouvement Populaire
Journée Parlementaire de l'UMP
Mesdames et Messieurs,
Mes chers amis,
Je vais essayer de parler de politique, ce qui, après tout, n’est tout de même pas anormal pour un mouvement politique qui réunit ses députés et sénateurs.
N’oublions pas que, si dans 7 mois, il y a la présidentielle, dans 8 mois et demi, il y aura des législatives. Il va donc nous falloir gagner la présidentielle dans un premier temps et les législatives dans un second.
Les Français ne souffrent pas de trop de politique ou de trop de débats, mais de pas assez. Ces journées parlementaires sont certainement le dernier rendez-vous avant que nous donnions rendez-vous aux Français. Elles doivent être l’occasion, même brièvement, de nous parler franchement car l’unité consiste à dire les choses, de façon à construire et bannir tout ce qui peut détruire.
L’unité, ce n’est pas le silence, ni l’uniformité. L’unité, c’est que chacun, au sein d’un grand mouvement populaire, apporte sa part de vérité, que nous essayions d’en faire une cohérence afin de présenter alternative aux Français.
Je le dis devant Josselin et Bernard à qui je veux exprimer tous mes remerciements, comme chacun d’entre nous, mais je le fais vraiment du fond du cœur, car, il n’est pas si facile d’assurer le travail qu’ils ont assuré.
En ce qui me concerne, en tant que président du mouvement, je n’ai eu avec eux que des rapports extrêmement loyaux et très amicaux. Il est quand même assez agréable de pouvoir parler, y compris lorsqu’il y avait des difficultés.
Je crois que nous pouvons les en applaudir et le leur dire, à tous les deux, tous à cette tribune et sans aucune arrière-pensée.
Où en sommes-nous ?
Nous avons d’abord un gouvernement qui a bien travaillé. Qu’il s’agisse de celui de Jean-Pierre Raffarin ou de celui de Dominique de Villepin. Ayant appartenu aux deux, avec une brève parenthèse.
Ce gouvernement a porté une réforme des retraites dont tout le monde disait qu’elle était impossible. Elle a été faite.
Ce gouvernement a obtenu, comme Dominique de Villepin l’avait annoncé dans son discours de politique générale, une baisse du chômage. Alors, on peut dire que ce n’est pas grâce au gouvernement, à l’action que vous avez conduite avec Thierry Breton et Jean-Louis Borloo, mais si le chômage avait continué à augmenter, pour sûr, nous aurions été tous les responsables… Donc, s’il baisse, nous devons avoir quand même une petite part de responsabilité.
Ce gouvernement a obtenu une croissance qui fait envie en Europe, après les difficultés que nous avons connues, cher Jean-Pierre, tu le sais bien, dans un contexte international qui n’a pas toujours été aussi favorable. Dans le fond, les comptes présentés par Thierry Breton n’ont été soumis à aucune critique. Loin de moi l’idée de dire que tout est parfait, mais enfin, malgré tout, il fallait le faire.
Sur l’immigration, sujet qui n’est pas si facile, je m’aperçois qu’en Europe, après bien des critiques, tout le monde en vient à la position de la France. Quand, en France, ces propositions reviennent très exactement à ce que nous faisons. Ce ne doit pas être si mal.
Par pudeur, je ne parlerais pas de l’insécurité, dont les résultats sont si commentés qu’il a bien dû se passer quelque chose. Je ne pense pas que si nous n’avions rien fait, Dominique de Villepin et moi-même, on n’attacherait autant d’importance à démontrer que nous n’avons pas obtenu de résultats.
Tout ceci fait un bon bilan Jean-Louis et c’est moi qui le dis ! Ce n’est peut-être pas à moi de dire que ça fait un bon gouvernement, mais si je ne le disais pas, on me le reprocherait. Ça fait un bon gouvernement. Cela ne me gêne pas non plus de dire et d’affirmer que ça fait un bon Premier ministre, cher Dominique.
D’ailleurs, dans la période bien précise que nous avons connue, après le referendum de 2005, au moment où l’action du gouvernement Raffarin a cessé, l’analyse politique nous avait conduit, avec le président de la République, à dire qu’au-delà des différences, au-delà même des concurrences et des sentiments, il fallait travailler ensemble.
Cette analyse a-t-elle changé aujourd’hui ? Non, elle est toujours la même. Quand Bernard comme Josselin disent que l’unité est un devoir, oui, c’est le cas.
Dominique de Villepin est Premier ministre. Un jour, peut-être, par extraordinaire, serai-je un candidat. Personne ne peut penser que nous ne partagerions pas cette analyse, que nous serions assez sots pour imaginer que, dans un pays de 62 millions d’habitants, nous n’avons pas besoin de tout le monde pour gouverner et pour gagner !
Un journaliste me demandait, avec une pointe de regret dans la voix, si ce serait encore la ritournelle de l’unité -la ritournelle de la division aurait sûrement été encore mieux. Il n’est pas question ici de faux-semblants ou d’hypocrisie, mais de réalisme et de lucidité.
Où en sommes-nous dans notre famille politique ?
Qu’il me soit permis ici aussi de parler clair. Je me souviens parfaitement dans quelles conditions j’ai été amené à prendre la présidence de l’UMP, il y a deux ans. Ça n’allait pas si bien pour que, tout d’un coup, tout le monde se dise, dans le fond, il faut lui faciliter la tâche, on va la lui donner…
Notre famille politique comptait 114 000 adhérents, son existence même se trouvait posée, alors que l’idée de cette famille politique avait été portée par Jacques Chirac. Notre président, Alain Juppé, partait dans les conditions que nous savons pour le Canada. Et, franchement, la situation politique n’était pas excellente.
Deux ans après, l’UMP est la première formation politique du pays. Personne ne le conteste. Nous allons largement dépasser les 300 000 adhérents. Il n’y a plus de clivages entre gaullistes, libéraux, radicaux et centristes.
À ceux qui voudraient que je sois un jour plus libéral, l’autre plus gaulliste, je voudrais rappeler que si Jacques Chirac, au lendemain des élections de 2002, a justement voulu faire l’UMP, c’est pour que chacun d’entre nous, quelle que soit sa famille d’origine, s’y sente à l’aise, non pas pour qu’une seule famille politique, la mienne, celle du mouvement gaulliste, fasse disparaître toutes les autres.
Aujourd’hui, y en a-t-il un seul qui ne se soit pas senti représenté dans ses opinions ? Je mets au défi quiconque de considérer que les clivages qui existent aujourd’hui dans notre famille politique seraient des clivages entre centristes, libéraux, radicaux ou gaullistes. Ce sont d’autres clivages et il est tout à fait normal qu’ils existent dans une formation politique.
Nous avons réussi ce pari, qui n’était pas si évident, de faire une grande formation politique unie, dans un pays comme la France, tellement habitué à se tourner vers son histoire et donc à perpétuer des courants, qui, chacun, allaient rétrécissant.
Nous avons également réussi le pari d’être populaire. C’est pour cela d’ailleurs que nous gênons la gauche.
Je me souviens parfaitement, à l’époque du RPR, de ce que l’on nous disait. Nous étions un mouvement certes puissant, mais qui ne représentait plus toutes les catégories de la population et totalement absent dans certaines régions. Personne aujourd’hui ne fait ce reproche à l’UMP.
Enfin, disons les choses telles qu’elles sont et mettons les pieds dans le plat : nous avons une méthode pour organiser la concurrence.
À quoi servirait-il d’avoir la première formation politique du pays et tant de talents, pour dire que nous voulons qu’aucune tête ne dépasse et que la procédure de sélection des candidats reste mystérieuse et secrète ? Comment faire alors ?
Nous nous sommes réunis tous ensemble dans un bureau politique, donnant lieu à une discussion approfondie, cher Dominique, et tous ensemble avons retenu pour seule méthode que nous nous soumettrions au vote des adhérents. Que tel ou tel ait des ambitions, ça ne gênait personne. Ce n’est quand même pas si mal !
Nous avons, en outre, un calendrier raisonnable, défini ensemble et souvent discuté, même encore récemment, avec le Premier ministre et le président de la République. Quel est-il ?
Il fallait laisser le gouvernement gouverner le plus longtemps possible et même, en quelque sorte, sanctuariser l’année 2006. Nous l’avons fait. 2006 devait être, selon l’expression même de Dominique de Villepin, une année utile.
Ensuite, il fallait faire en sorte, cher Jean-Pierre, et c’est normal, que le président de la République puisse présenter ses vœux aux Français.
Puis, 2007. Qui peut dire que 2007 n’est pas l’année de l’élection présidentielle et des élections législatives ?
Une fois tournée la page de 2006, une fois les vœux passés, il y aura le congrès de l’UMP, pour soutenir celui que vous aurez décidé de choisir comme candidate ou candidat, à la mi-janvier. Cela fera déjà deux mois que le Parti socialiste aura lui-même choisi son candidat.
À huit jours, quatre jours près, personne ne peut dire que ce calendrier n’est pas raisonnable.
Je sais qu’il ne faut pas croire les sondages, mais il ne faudrait pas non plus y croire uniquement lorsqu’ils sont mauvais…
Or, ils ne sont pas désagréables. Nous n’allons pas nous en plaindre. L’objectif n’est pas de témoigner de notre sincérité aux Français parce que nous avons de mauvais sondages.
Le président de la République nous a permis de l’emporter en 2002. Croyez-vous que je l’ignore ? Son bilan international n’est contesté par personne. Et, par ailleurs, il est le premier responsable de notre bilan.
Je n’ignore pas non plus qu’il m’a porté une grande confiance dans mes responsabilités de ministre de l’Intérieur comme de celui des Finances.
Nous travaillons ensemble depuis quatre ans, cela doit être moins compliqué qu’on ne le dit, puisque nous travaillons ensemble à des postes qui nécessitent naturellement une certaine compréhension et, pour employer le mot, une certaine confiance.
Que doit-on faire ?
La première chose à faire est de renforcer notre unité.
Concrètement, cela veut dire simplement que nous aurons besoin de tout le monde. Je voudrais très exactement avoir l’ambition pour notre famille de faire le contraire de ce que viennent de faire les socialistes.
Regardez un homme comme Jospin, on peut être ou non en accord avec la personne ou avec ses idées, mais il ne viendrait à l’idée de quiconque de contester qu’il amène, à sa manière, quelque chose au débat d’idées.
Les socialistes se sont débrouillés d’une telle façon à nous expliquer qu’ils n’avaient en aucun cas besoin de lui, que sa présence même était un handicap. Je veux arriver à l’exact contraire.
Tous ceux qui ne seront pas candidats, et, forcément, il y en aura, doivent comprendre que, dans la victoire du candidat, ils auront un rôle à jouer, une place à défendre et des idées à porter.
C’est le contraire de la stratégie socialiste. Notre stratégie, elle, ne veut que des gagnants.
Comment peut-on dire d’un homme, qui a été Premier ministre pendant cinq ans, au sein de sa propre famille politique, qu’il gêne le débat politique au sein de sa propre famille ? C’est absurde.
Alors, soyons clairs. Nous avons Alain Juppé, Jean-Pierre Raffarin, le Premier ministre Dominique de Villepin et un certain nombre de responsables. La France compte 62 millions d’habitants, elle est extrêmement diverse. Chacun doit considérer qu’il aura son rôle à jouer.
Je voudrais préciser que je n’appartiens à aucun clan, pas même à celui de mes amis. Il ne m’est pas toujours arrivé d’être applaudi, cher Jean-Louis. Je conseille d’ailleurs ce stage à tout le monde, parce que cela permet de se méfier des moments où on l’est trop… Je suis le premier à être conscient de la fragilité de tout cela.
Mais, je le dis avec la plus grande sincérité, je n’ai jamais fait de courants, je n’aime pas cela. Et, sur cette question, nous nous sommes retrouvés pour dire combien nous étions réservés sur cette stratégie. Je ne crois pas trahir un secret en disant que Josselin et Bernard ont été sensibles au fait que jamais je n’ai voulu organiser, ni de près ni de loin, mes amis.
Ceci pour une raison simple : je n’oublie pas pourquoi nous avons perdu en 1997, après le succès de Jacques Chirac en 1995. Nous n’avions pas su apaiser, cautériser, cicatriser, les lendemains de campagne.
Les mêmes causes produiront les mêmes effets. Si tout le monde ne se reconnaît pas, le moment venu, dans celui ou celle que nous aurons choisi comme candidat, l’échec sera au rendez-vous.
Il n’y a pas d’autre stratégie que celle qui consiste à considérer chacun comme détenteur de la possibilité d’un succès, inscrit nulle part, à l’élection de 2007.
Ensuite, seconde chose, il faut imaginer une alternative.
Le débat politique a besoin d’authenticité. Je n’aime pas le mot vérité parce que je comprends que chacun ait sa vérité. Il y a la vérité de chacun, de la période, des époques, il n’y a pas une vérité. Mais, il y a un besoin d’authenticité.
Deux remarques.
En 2002, ce fut un grave problème pour la France et pour Jean-Pierre Raffarin : les grands débats sur les grands sujets n’ont pas eu lieu parce que Jean-Marie Le Pen était présent au second tour de la présidentielle.
Ce n’est la faute de personne, ni du président de la République, ni de ceux qui le soutenaient à l’époque.
Le débat n’a pas été tranché. Sur le nombre des fonctionnaires, sur un certain nombre de sujets absolument essentiels, le débat n’a pas eu lieu. Ce fut une grande question, tu t’en souviens certainement, cher Jean-Pierre, sur lequel chacun avait sa propre sensibilité.
Depuis 1981, pas une seule majorité ne s’est succédé à elle-même. J’aimerais que personne ne s’imagine que la continuité, qui n’a jamais été la voie du succès pour une majorité de gauche ou de droite, ne soit pas forcément la voie à prendre par fidélité, déférence, ou même par conviction.
Souvenez-vous, si vous regardez à l’intérieur de la droite, son histoire est passionnante.
Lorsque Georges Pompidou s’est présenté, une partie des gaullistes le lui ont reproché, il s’est présenté comme un changement par rapport au général de Gaulle. Cela ne lui a pas nuit devant les Français.
Valéry Giscard d’Estaing, qu’un certain nombre de nos amis avaient soutenu, s’est présenté comme un changement par rapport aux majorités gaullistes sortantes. C’était même le changement dans la continuité.
Lorsque Jacques Chirac a été élu en 1995, je n’ai pas observé qu’il s’était lui-même inscrit dans la continuité stricte à l’action d’Edouard Balladur. Il ne me semble pas que cela lui avait considérablement nuit, à l’époque.
Mes chers amis, à la question posée en 2007, il faudra assumer son bilan, en être fier, ne pas renier son passé, ni ses amis, mais, en même temps, il faudra proposer une alternative, une autre espérance, une autre façon de faire. Non pas pour se dégager d’un passé qui nous encombrerait, nous avons toutes les raisons d’être fier de ce passé et personne ne demande de le renier, mais, simplement, parce qu’il nous faut tirer les leçons de la politique.
Jean-Louis, tu le sais bien, un maire, en place depuis plusieurs années, dans sa propre commune, ne se présente pas en disant : « votez pour moi, nous allons continuer exactement comme avant !» Ce n’est pas possible.
Voilà ce qu’il nous faut proposer.
Nous devons tirer les leçons de notre passé.
Pourquoi avons-nous perdu, indépendamment de notre incapacité à nous réunir suffisamment à temps ? Nous avons perdu pour une deuxième raison : Une partie de nos électeurs, à tort ou à raison, a considéré que nous n’étions pas assez courageux sur notre identité.
C’est toute la question du Front national, que nous avons contribué à créer dans notre pays en n’assumant pas des valeurs, des idées et une politique que les électeurs nous avaient demandé à l’époque de défendre.
Le Front national n’est pas une création exclusivement de la gauche, elle l’a utilisé. Mais, s’il a pu prospérer, c’est parce qu’une partie de nos électeurs qui n’avaient pas d’espérance pour Jean-Marie Le Pen -prenez les pour des gens plus intelligents, personne ne peut espérer en Jean-Marie Le Pen- étaient désespérés par nous, tout au long de ces trente années, où nous n’avions pas réussi à affirmer une politique assez forte.
Ainsi, nous n’avons pas à nous incliner devant la pensée unique sur un certain nombre de sujets.
Pendant des années, il nous était impossible de prononcer le mot « immigration » sous peine d’être qualifié de raciste et d’antirépublicain. Beau résultat ! À l’arrivée, cette forme de couardise nous a amené à être le pays d’Europe ayant eu l’extrême droite la plus forte et le plus longtemps. Voilà l’image que nous avons donné de la France, avec un Jean-Marie Le Pen présent au second tour.
Sur l’insécurité, il y a un certain nombre de choses à faire. Je sais que j’ai provoqué un débat en proposant les peines plancher. Je considère que les multirécidivistes doivent être certains en arrivant devant le tribunal qu’ils auront une peine incompressible.
Les magistrats jugent au nom du peuple français, en appliquant des lois votées par les parlementaires, eux-mêmes élus par le peuple français. Il n’est anormal que nous demandions, une fois pour toutes, qu’enfin les multirécidivistes soient punis, non pas pour ce qu’ils ont fait lors de la dernière infraction, mais pour l’accumulation des fautes qui ne leur a pas fait comprendre que la société ne l’acceptait plus.
Un sondage montre que 88% des Français sont favorables aux peines plancher, dont les deux tiers des électeurs de gauche. Ce que les Français de gauche pensent, peut-être que nous, représentants de la droite et du centre, pourrions le faire.
Quand nous avons discuté et débattu de la question de la Turquie, je me souviens encore de cet éditorial d’un grand quotidien du soir expliquant que poser la question de la Turquie revenait à se mettre du côté des populistes.
Je connais la leçon. Un homme de gauche qui est populaire est proche du peuple. Un homme de droite populaire est populiste, parce que ça gêne.
Finalement, nous avons porté le débat et, à l’arrivée, qui nous en a voulu ? J’observe même, cher Dominique, que les positions, avec le remarquable voyage du président de la République en Arménie, se sont, me semble-t-il, considérablement rapprochées, par rapport à la convention sur l’Europe que nous avions organisée, il y a un peu plus d’un an.
L’Europe, parlons-en justement. Une grande majorité parmi nous est convaincue que l’Europe est une partie de l’avenir de la France. D’autres parmi nous pensent que l’Europe n’a pas assez protégé et qu’elle ne doit pas inquiéter. Là aussi, n’ayons pas peur de notre ombre.
Je me souviens du débat sur la réduction du temps de travail. Je n’ai jamais été de ceux qui pensent que nous pouvions battre les socialistes sur leurs propres idées. Pour les socialistes, c’est une obsession, ils trouvent toujours que l’on travaille trop. Moi, je pense toujours que l’on ne gagne pas assez.
Qu’ils promettent aux Français de travailler moins, et c’est le thème de nos journées parlementaires, nous devons, nous, promettre aux Français qu’ils gagneront davantage.
La réduction du temps de travail, quand on a un petit salaire et que l’on ne peut pas en profiter, est un mensonge. La première revendication des ménages français, notamment les plus populaires, c’est de gagner davantage. À quoi sert-il de donner du temps libre si vous n’avez pas les moyens d’en profiter avec votre famille parce que vos salaires sont trop bas ?
Ce n’est pas cela la justice sociale !
Nous devons être davantage ouverts sur les nouveaux thèmes.
Concernant l’inflation, on entend dire qu’il n’y en a plus, seulement, les Français qui font leurs courses savent parfaitement bien qu’au moment du passage à l’euro, les prix ont augmenté dans notre pays. C’est du pouvoir d’achat qui leur a été retiré sans qu’on leur dise, parce que l’indice officiel de l’inflation n’a pas retranscrit la réalité de cette augmentation des prix.
Je me souviens comme j’ai été moqué parce que nous allions dans les supermarchés pour dénoncer cette captation du pouvoir d’achat.
Je pense au PACS, sujet ô combien difficile. Je me souviens de 1999 où nous sommes passés totalement à côté de cette question. Nous pouvons parfaitement défendre la famille, être, comme je le suis, contre le mariage homosexuel, contre l’adoption par les couples homosexuels, et, en même temps, faire de notre famille politique celle qui lutte contre toutes les discriminations.
Les homosexuels peuvent prétendre à une égalité de droits sociaux, fiscaux et successoraux, parce qu’il n’y a aucune raison qu’une personne se trouve pénalisée au titre de sa sexualité.
La proposition que j’ai faite en votre nom, d’un nouveau contrat d’union civile, n’a, me semble-t-il, été contestée par personne. Nous ne pouvons pas nous couper de pans entiers de la société.
Nous devons être beaucoup plus offensifs sur des thèmes qui n’appartiennent pas à la gauche.
Concernant les fonctionnaires, nous ne pouvons pas avoir pour seul discours qu’il y en a trop. Ils se tournent vers la gauche, non pas parce qu’elle les séduit, mais parce que, bien souvent, la droite n’a rien eu à dire à des fonctionnaires qui pourraient se reconnaître dans nos valeurs et qui en ont plus qu’assez que le mérite républicain ne soit pas récompensé dans nos grandes administrations.
Certains m’ont reproché l’utilisation de l’expression « patrons voyous ». Je l’ai dit parce que je le pensais.
Je considère que pour un patron qui réussit à la tête de son entreprise, qui travaille plus que les autres et qui a pris plus de risques, il est normal qu’il soit mieux payé que les autres. Mais, quand il part avec un golden parachute alors qu’il s’est trompé à la tête de son entreprise, je considère que ce n’est pas normal.
Je n’ai aucune raison de faire ce cadeau à la gauche, de caricaturer nos idées, parce que nous aurions des pudeurs dans les expressions que nous utiliserions.
Sur le pouvoir d’achat, sujet que vous avez choisi, comme sur tant d’autres, il va falloir nous ouvrir à des catégories de Français qui doivent nous retrouver.
Dès que je dis quelque chose d’un peu fort, on me rétorque que je veux séduire l’électorat du Front National. Ils ont trouvé ça tout seul ? Mais, c’est tout à fait exact ! Pourquoi voudriez-vous que je m’empêche de parler à un électorat qui était le nôtre ?
Faut-il considérer que faire revenir dans le champ républicain toute personne qui a voté une fois dans sa vie pour le Front national est un crime ? Pour le bénéfice de qui ? D’une gauche qui s’apprête à gouverner avec un Parti communiste et une extrême gauche la plus ringarde et archaïque d’Europe !
Et, nous, nous devrions nous excuser, sans jamais transiger avec nos valeurs, de vouloir récupérer des électeurs qui étaient avec nous ?
Nous pouvons également récupérer une partie de l’électorat de gauche. Cette gauche dont la tradition n’est pas l’idéologie mais le mouvement. Cette partie de la gauche française, et je pourrais même me reconnaître dans ses idées, qui considère que l’ordre n’est acceptable que s’il est en mouvement.
Moi, je ne suis pas un conservateur. Je crois dans l’ordre et l’autorité. Mais l’ordre est d’autant plus acceptable qu’il est juste, qu’il bouge et qu’il donne de la respiration à une société.
Cette gauche-là a toute sa place avec nous. On ne peut quand même pas la condamner à voter pour le parti socialiste le plus archaïque d’Europe, qui considère que la seule chose à faire est de revenir sur les régimes de retraites, renationaliser EDF et mettre le SMIC à 1500 euros. Un parti socialiste qui n’est pas gêné par les injustices à la condition que tout le monde en soit la victime. Selon eux, les injustices ne sont pas graves si tous en sont les victimes !
Cette gauche-là, nous pouvons la récupérer, tout comme les catégories populaires.
Voilà la rupture que j’appelle de mes vœux !
Je n’ai connu que la famille gaulliste, mais, la Ve République, c’est une lettre et c’est un esprit. Et quelle que soit, Jean-Louis, la fidélité que l’on peut avoir à son encontre, qui peut dire que la démocratie française fonctionne bien alors qu’un Français sur deux ne vote plus et que, sur ceux qui votent, un quart le fait pour l’extrême droite ou l’extrême gauche ?
Cette question doit être posée avec les catégories les plus populaires de nos compatriotes, qui auraient le plus intérêt à voter, qui votent pourtant le moins. Je veux une rupture avec cette situation.
Il y a un problème entre les partis politiques et les Français ; entre la parole publique et les Français ; entre les responsables politiques et les Français. Si nous leur disons que le fait qu’ils ne votent plus n’a aucune importance, que nous allons continuer entre nous, qui peut penser que cela va changer les choses ?
Je voudrais terminer par un petit mot plus personnel.
Pour en arriver où je suis, j’ai dû, comme un certain nombre d’entre vous, surmonter pas mal d’épreuves et subir nombres attaques. Pourtant, je ne me suis jamais senti aussi décidé et aussi libre.
Pourquoi ?
Parce que je ne veux pas me résoudre à ce que la France perde encore cinq années avec un gouvernement socialiste, s’ils gagnaient.
Nous avons vu ce que cela a donné, entre 1997 et 2002, nous n’avons pas le droit d’échouer.
C’est un choix qui va bien au-delà d’une simple alternative. La présidentielle de 2007 sera comparable au rendez-vous électoral de 1958 -où il s’était agi de nouvelles institutions, de nouvelles politiques économique et sociale- ou à celui de 1981. C’est un enjeu absolument majeur.
Je veux vous le dire de la façon la plus simple qui soit : mon ambition est que, tous ensemble, nous arrivions à hausser le niveau du débat public en France.
Que l’UMP reste le lieu où se produisent les nouvelles idées.
Le lieu qui fasse le plus preuve d’audace et d’ouverture.
Le lieu où l’on n’attaque pas les gens, les personnes, mais où nous n’avons pas peur d’affronter des sujets tabous.
Un lieu où nous mettrons à bas la pensée unique.
Vous l’avez compris, j’espère être à la hauteur de la confiance que vous m’avez témoignée, tout au long de ces années.
Aujourd’hui, plus peut-être que jamais, j’ai besoin de vous.
iaorana
tu n'as pas répondu à la question d'Henri alors pourquoi une réponse ?
Puis-je répondre à ta place ?
Henri, tant que le Président ne se sera pas prononcé à ce sujet (prévu sur la fin de l'année 2006), il est prématuré pour Gaston de se positionner. Ta question ne pourra donc pas trouver réponse immédiate.
Rédigé par : Etetera | 25 octobre 2006 à 10:37
M. le sénateur,
Soutenez vous la candidature de Nicolas sarkozy aux élections présidentielles et serez votre position si Jaque Chirac se représentait?
Réponse au post:
Merci de votre soutien. Mon objectif a toujours été de permettre à tous les Polynésiens de s’informer et de s’exprimer, quelle que soit leur origine.
Rédigé par : Henri | 20 octobre 2006 à 19:34