Papeete, le 12 février 2008
Monsieur le président,
Permettez-moi d’abord de vous féliciter de votre succès aux élections du 27 janvier et du 10 février qui vous ont placé largement en tête du scrutin. Vous n’avez pas obtenu une majorité absolue mais l’ensemble des deux partis autonomistes représente 37 sièges et plus de 60% des électeurs.
Lors de notre débat télévisé du 6 février je vous avais publiquement proposé de conclure une alliance entre nos deux formations avant même le second tour afin de respecter l’esprit de la loi électorale dont le but proclamé par M. Estrosi était bien de pousser les candidats à afficher clairement leurs alliances avant que les électeurs se prononcent. Vous avez écarté mon offre d’un revers de main dédaigneux, sans même vous donner la peine d’exprimer clairement votre refus. Il est vrai que vous sembliez convaincu, à ce moment là, que les Polynésiens vous donneraient largement les moyens de vous passer de nous.
Lorsque les résultats du second tour ont été connus et que l’espoir d’une majorité absolue s’est envolé, vous avez aussitôt appelé « les élus à s’unir autour de [vous] pour trouver une majorité stable ». La formulation était assez vague, mais, s’il faut en croire l’interview publié par Les Nouvelles au bas de la page 8, vous avez précisé : « il faut maintenant rencontrer notre partenaire privilégié (ndlr, le Tahoeraa) pour faire cette majorité. C’est aussi cela le partage des pouvoirs. »
Monsieur Gaston TONG SANG
Président du parti politique TO TATOU AI’A
…/…
Ayant pris connaissance de cette déclaration je m’attendais à ce que vous m’appeliez d’un instant à l’autre pour me proposer une rencontre. Mais je n’ai reçu aucun appel, aucun message de votre part. Au contraire, des rumeurs persistantes ont fait part de vos démarches pour essayer de corrompre des élus du Tahoeraa Huiraatira afin de les inciter à vous rejoindre sans passer par une négociation ouverte et loyale avec votre prétendu « partenaire privilégié ». Je ne veux pas porter d’accusation sans preuve, mais si ces pratiques étaient confirmées, ce serait tout à fait inadmissible. Vous savez aussi bien que moi que ceux qui ont voté pour vous souhaitaient justement mettre fin à la corruption des élus et au règne des girouettes.
Quelle que soit votre intention à notre égard, nous ne pouvons plus rester dans cette ambiguïté qui favorise les pires rumeurs au détriment de nos deux formations et du pays tout entier.
Je vous confirme donc officiellement que le Tahoeraa Huiraatira est prêt à vous rencontrer et à former avec vous, dans des conditions compatibles avec la représentativité et avec les valeurs des deux partenaires, une majorité stable et un gouvernement dont vous serez le président.
Si vous souhaitez sincèrement cette union des autonomistes, que vous appelez de vos vœux dans la presse, je vous demande de me le confirmer avant 16 h ce mardi 12 février.
En cas de réponse négative ou d’absence de réponse de votre part, le Tahoeraa Huiraatira en conclura que vous avez choisi la voie de la corruption et du débauchage individuel des élus. Nous ne pouvons pas vous suivre sur ce terrain là, ni rester passifs pendant que vous tentez d’acheter des élus du Tahoeraa Huiraatira.
Dans l’attente de votre réponse, je vous prie d’accepter, Monsieur le président, l’expression de ma considération distinguée.
Gaston FLOSSE
Les commentaires récents